La décision de faire jouer la rencontre de coupe opposant le CS Constantine au Mouloudia d’Alger à huis clos a eu l’effet d’un cataclysme sur les supporteurs des deux clubs. Elle est venue stopper dans leur élan les ultras des deux camps, qui, dès l’annonce du tirage au sort, avaient commencé à préparer activement le déplacement à Oran, où aura lieu le match comptant pour les demi-finales de la coupe d’Algérie. Un choix qui a pris tout le monde au dépourvu, que ce soit du côté des Mouloudéens ou des Clubistes. Même si dans le milieu sportif de manière générale, on appréhendait, à juste titre d’ailleurs, le face à face des deux galeries, la mesure a été jugée extrême et n’a pas manqué de surprendre plus d’un. Elle est tombée comme un couperet, rappelant à tous ceux qui ont tendance à l’oublier que le football algérien traverse une grave crise structurelle depuis des décennies. Corruption, trafic d’influence, gestion aléatoire et affairisme, ce sont là quelques maux dont souffrent la plupart des clubs algériens et qui les empêchent de remplir leur rôle d’encadrement. À ce stade, les supporteurs sont livrés aux manipulateurs de toutes espèces, qui tentent à l’occasion de chaque grand événement de prendre le contrôle des catégories de jeunes les plus vulnérables, en usant d’un discours au contenu suspect. Il est bien entendu clair que la mesure du huis clos a sûrement été prise sur suggestion des pouvoirs publics, pour prévenir les dérapages et tout risque de porter atteinte à la sécurité publique, étant donné que les rivalités entre les deux galeries, qui ne datent pas d’hier, ont toujours fait l’objet d’une instrumentalisation par des parties occultes. À commencer par cette histoire de doyen des clubs algériens, titre disputé entre le CSC et le MCA, alimentée d’une manière sournoise par une grande partie de la presse sportive, dominée elle-même par le chauvinisme et la ferveur mal placée. Sur certains plateaux de télévision, les commentaires sonnent parfois comme une incitation à la violence ! Certaines interventions sentent carrément le régionalisme le plus abject et c’est le moins que l’on puisse dire. Aucun travail pédagogique et bien réfléchi n’est entrepris en direction des supporteurs, loin de l’esprit paternaliste et démagogique. En plus du fait que la mesure du huis clos constitue une alerte réelle, elle illustre de façon flagrante l’échec total des médias sportifs et la dégénérescence du milieu footballistique, devenu sujet à controverses et à polémiques. La mesure du huis clos est un discrédit à l’endroit de ce même milieu, qui n’est pas arrivé à se hisser à la hauteur des exigences du professionnalisme et de l’éthique sportive qui l’accompagnent. La sanction, puisqu’il s’agit en vérité de cela, ne concerne pas uniquement les supporteurs. C’est également un avertissement retentissant à toutes les instances du football, qui n’ont pas réussi à se débarrasser de leurs vieilles habitudes. C’est aussi une leçon qui devra être retenue par tous. Un match sans public, de surcroit entre deux grandes équipes de par leur histoire, est toujours considéré comme une sanction qui fait mal.
Mohamed Mebarki
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