Partis politiques de tous bords, associations et organisations de la société civile, depuis quelques jours, Abdelkader Bengrina, président du parti El Binaa reçoit à tout va. L’homme, qui a été second à l’élection présidentielle de décembre 2019, est devenu la nouvelle attraction d’une partie de la classe politique. De ses intentions, il ne dit pas grand-chose. Mais son activisme cache sans doute une ambition : devenir le candidat d’une frange de la classe politique, à savoir les islamistes. S’il tente de cacher son appartenance directe à ce courant politique conservateur, Abdelkader Bengrina ne nourrit pas moins l’ambition d’en devenir le porte-parole, ou tout du moins le candidat. L’ambition n’est pas impossible, puisque depuis de très longues années, le courant islamiste politique n’a pas de vraie figure dans le pays, malgré une présence en masse de sigles s’en réclamant. Si Bengrina agit ainsi, c’est parce que les figures représentant cet islamisme « modéré » ne courent pas les rues. En face de lui, seul l’ancien président du Mouvement de la Société pour la Paix (MSP), Abderrezak Mokri, fait le poids. Un temps pressenti pour être le candidat de son parti à l’élection présidentielle, l’homme ne s’est pas encore dévoilé. Plus que cela, depuis quelques jours, il se consacre corps et âme au Forum de Kuala Lumpur, un groupement qui réunit des personnalités du mouvement islamiste mondial. Il est depuis quelques jours en Mauritanie et au Sénégal pour des conférences. Pendant ce temps, les dirigeants de son parti se réunissent avec leur base et ont créé une coordination, dont la seule tâche est de réfléchir à l’élection présidentielle. L’instance comprend des ténors du parti, à l’image de l’ancien président Aboudjerra Soltani et l’ancien ministre du Commerce, El Hachemi Djaaboub. La décision de participer ou non à l’élection présidentielle sera prise par le conseil consultatif dans les prochains jours. Il est à souligner que l’autre grand clan islamiste, celui dont les partis politiques ont tous été fondés par Abdellah Djaballah, est quasiment laminé. Proches des mouvements salafistes, les dirigeants d’Ennahda, d’El Islah et d’autres groupes sont plus divisés que jamais. Pire, l’une des figures de ce mouvement, Filali Ghouini, est devenu ambassadeur à Oman, tandis que le dirigeant historique de la mouvance, Abdellah Djaballah, a définitivement pris sa retraite politique. Il ne se montre plus en public et son parti, le Front de la Justice et du Développement (FJD) est représenté par Lakhdar Benkhellaf, président du Conseil consultatif d’un parti qui n’a même pas encore renouvelé ses instances. Pis, cette formation politique a enregistré des résultats quasi insignifiants lors des dernières élections législatives, durant lesquelles elle n’a même pas pu présenter des candidats dans la plupart des wilayas. Autant dire que la mouvance islamiste ne peut compter que sur sa branche issue des « frères musulmans », à savoir le MSP, ou son transfuge, le Mouvement El Binaa. Mais leur candidat n’a pas vraiment de chance de faire le poids devant d’autres éventuels candidats.
Akli Ouali
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