Dans le cadre de la célébration du Mois du patrimoine, la direction de la Culture et des Arts de la wilaya de Biskra a concocté un programme varié et multiforme visant à mettre en avant les richesses et les spécificités culturelles, folkloriques, artisanales, littéraires, musicales, architecturales et historiques de la région des Ziban. En collaboration avec la maison de la culture Ahmed Redha Houhou, l’association Mosaïque pour l’art, la culture et la préservation des legs historiques et patrimoniaux, a organisé, en début de semaine, une conférence scientifique portant sur la corrélation du patrimoine matériel et immatériel et le développement durable. Mohamed Slimani, président de Mosaïque, a animé cette rencontre visant à sensibiliser le grand public sur l’importance de préserver les traces du passé, dont les bâtiments les plus emblématiques. Il a rappelé les liens étroits liant le patrimoine historique, culturel et architectural d’une ville et d’un pays avec l’épanouissement socioéconomique de sa population et le développement durable. Ce dernier concept adopté et propagé depuis 1987 par les instances onusiennes se décline et s’appuie sur quatre piliers. En premier lieu, le développement durable suppose la lutte contre les discriminations et la pauvreté et la consécration du droit pour chaque citoyen d’accéder à l’éducation, à la culture et à l’eau. Puis, cela requiert la promotion des économies circulaires avec la diminution du gaspillage et des mesures de protection des ressources naturelles et la diminution des empreintes carbones et du réchauffement climatique. En troisième lieu, le développement durable ne peut se réaliser sans prendre en compte la nécessité de protéger l’environnement urbain et rural ainsi que les écosystèmes fragilisés par la pollution et les agressions humaines. Le dernier et quatrième pilier sous-tendant un développent durable est relatif à l’économie culturelle, laquelle notion permet, pourvu qu’elle soit appliquée, de fixer les grandes dates de l’histoire nationale et des événements cruciaux et de tirer des dividendes provenant du tourisme et des activités à caractère culturel, a-t-il expliqué. Interrogé en marge de cette manifestation sur la situation du patrimoine architectural de la ville de Biskra, le conférencier n’a pas caché son dépit et sa tristesse de constater que « des sites, des monuments et des bâtiments anciens ayant une valeur inestimable sont saccagés au vu et au su de tous et dans une totale impunité », a-t-il souligné. Et d’ajouter : « La Reine des Ziban recèle une multitude de monuments et de constructions dénotant du passage de plusieurs civilisations qu’il faut protéger contre toutes les formes de prédation car l’architecture est le témoin incorruptible de l’histoire. Malheureusement, nos monuments les plus resplendissants sont abandonnés, agressés, non-classés et à la merci d’un délabrement programmé. Mosaïque milite et œuvre pour l’application stricto sensu de l’arsenal juridique national relatif à l’exploitation et à la protection du patrimoine et des artefacts de notre terroir ». A noter que l’association Mosaïque a signé dernièrement une convention avec le département d’architecture de l’université Mohamed Khider de Biskra afin de mener des actions communes et des sessions de formation des étudiants pour promouvoir le concept de développement durable et son corolaire, le respect et la préservation des anciennes bâtisses « renfermant des pans entiers de la mémoire collective des habitants de Biskra », a estimé notre interlocuteur.
Hafedh M.
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