Reportée à cause du sommet des trois pays du Maghreb, qui s’est tenu la semaine dernière à Tunis, la visite du ministre français des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné, en Algérie aura lieu en début de semaine. Après s’être rendu le mois dernier au Maroc, le ministre français viendra en Algérie en début de semaine pour discuter avec ses interlocuteurs des questions « ordinaires » dans les relations bilatérales. Mais il évoquera surtout la visite d’État que doit effectuer Tebboune en France à l’automne prochain. Pour cela, il sera très probablement reçu par le chef de l’Etat et s’entretiendra avec son homologue algérien, Ahmed Attaf, sur des sujets plus techniques. Lors de sa visite à Rabat en mars dernier, Séjourné a ouvert la voie à un changement de position de son pays sur la question du Sahara Occidental. Non seulement la France soutient et appuie la position marocaine d’autonomie, mais elle a soutenu des entreprises françaises qui veulent « investir » dans les territoires sahraouis, ce qui est un défi, non seulement aux résolutions des Nations-Unies sur la question, mais également aux décisions de la Cour de Justice européenne, qui a interdit aux entreprises du vieux continent d’exploiter des ressources dans les territoires sahraouis occupés. Certains observateurs français expliquent déjà le fond de cette position. C’est le cas de l’ancien ambassadeur de France à Alger, Xavier Driencourt, qui a affirmé au site du journal Le Figaro que « la France a davantage d’intérêts avec le Maroc, ne serait-ce que sur le plan économique, alors qu’avec l’Algérie, nos intérêts sont extrêmement limités ». Une question qui sera abordée lors de cette virée algéroise du ministre français. Une telle position ne va certainement pas plaire à l’Algérie, qui plaide pour l’application du droit international dans cette région, même si la position de la France, qui plaide en public pour l’application des résolutions des Nations Unies, mais qui appuie le Maroc en coulisses, est déjà connue de longue date. Sauf que les choses peuvent évoluer rapidement vers la « reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara », prédisent certains milieux en France, qui attendent une visite d’État du président Emmanuel Macron au Maroc pour en savoir plus. C’est d’ailleurs une exigence du Maroc, qui demande un tel geste pour « normaliser » ses relations avec Paris. Dans ce cas, les relations algéro-françaises se crisperont davantage, à moins que Paris ne fasse des efforts encore plus importants dans sa relation avec l’Algérie. Cela se traduira notamment par des investissements économiques importants et des gestes mémoriels très forts, à l’image de la restitution des restes de résistants algériens tués durant les premières années de la colonisation.
Akli Ouali
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