De Los Angeles à New York, d’Austin à Boston, en passant par Chicago et Atlanta, la mobilisation des étudiants américains pour Ghaza prend de l’ampleur d’heure en heure. Même les universités les plus prestigieuses au monde ne sont plus épargnées par une lame de fond, qui grossit à vue d’œil, pour déferler sur l’ensemble des campus américains. Que ce soit à Yale, Columbia, Princeton ou Harvard, le plus ancien établissement d’enseignement supérieur des États-Unis et le plus réputé au niveau mondial, la révolte pacifique estudiantine, contre la guerre génocidaire menée par l’État sioniste et le soutien inconditionnel apporté à cette entité par la Maison-Blanche, s’est inscrite dans la durée et a tendance à prendre une tournure explicitement politique, à sept mois de l’élection présidentielle américaine. Parti de l’université de Columbia, le mouvement de solidarité avec Ghaza est désormais considéré comme un tournant décisif, qui rappelle la mobilisation d’une grande partie de l’opinion américaine contre la guerre du Vietnam. La contestation dans l’université de Stanford a été marquée par la projection du film désormais culte, La Bataille d’Alger. Plus qu’un événement, c’est un signe exprimant une nette évolution au sein de l’opinion américaine ! Des centaines d’arrestations ont été opérées par la police antiémeute et la situation demeure plus que tendue. Des tentes installées par les étudiants ont été démantelées par la police, souvent de manière musclée. Le Premier ministre israélien, qui est de plus en plus exposé à l’émission d’un mandat d’arrêt de la Cour Pénale Internationale (CPI), a qualifié les manifestations pour Ghaza d’« horribles ». « Ce qui se passe sur les campus universitaires américains est horrible. Des hordes antisémites se sont emparées des universités de premier plan », a-t-il estimé dans un communiqué. Ces manifestants appelant à l’arrêt des atrocités israéliennes à Ghaza rappellent, selon lui, « ce qui se passait dans les universités allemandes dans les années 1930 ». Des accusations d’antisémitisme contre le mouvement estudiantin américain qui n’ont pas porté bien loin, devant la détermination d’une tendance multiculturelle bien imprégnée des valeurs humanitaires, au-delà de toute considération politique, ethnique ou religieuse. Ébranlée par le mouvement et sa spontanéité, La Maison-Blanche a appelé, hier dimanche, les manifestations de soutien à Ghaza, qui se sont multipliées ces derniers jours dans les universités américaines, à rester « pacifiques », après qu’environ 275 personnes ont été interpellées au cours du week-end, dont une candidate à la présidentielle. Ce que les médias américains en particulier et les médias occidentaux d’une manière générale essaient d’occulter systématiquement, c’est la suspension de nombreux étudiants d’origine palestinienne. Alors que les manifestations se poursuivent et que la mobilisation demeure très forte parmi les étudiants, qui se rassemblent et installent des camps dans des zones ouvertes sur les campus, les autorités universitaires et locales réagissent par la détention, l’expulsion et la menace de licenciement. À Ghaza, au 205e jour du début du génocide, l’armée israélienne a commis sept massacres contre des familles, qui ont fait 66 morts et 138 blessés au cours des dernières 24 heures, a annoncé le ministère de la Santé du Hamas. Le ministère a également fait état de « plusieurs victimes toujours ensevelies sous les décombres et jonchant les routes, les ambulances et les équipes de la Protection civile n’étant pas parvenues à les atteindre ».
Mohamed Mebarki/AG
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