Au moment où Annaba est honorée en tant que capitale du cinéma avec la quatrième édition du festival du film méditerranéen, attirant 18 pays avec leurs films, acteurs, et réalisateurs, la population locale se questionne sur le sort réservé aux anciennes salles de spectacle. Ces espaces avaient autrefois enchanté toutes les familles, particulièrement la jeunesse, à une époque où il suffisait de se rendre sur le front du marché couvert, l’ex-marché français appelé « marché francisse » pour en trouver. Les travaux de rénovation de la salle de cinéma « Les Variétés », lancés il y a plusieurs années avec la promesse d’une livraison six mois plus tard, se prolongent dans le temps. L’objectif était de redonner vie à cette salle merveilleuse ainsi qu’à son balcon dans un délai record. Malheureusement, les portes demeurent fermées malgré le temps qui passe. Pour ceux qui ont connu l’âge d’or de la ville avant (soit avant le couvre-feu imposé par l’occupation) et après l’Indépendance, les souvenirs des magnifiques moments passés dans les salles de cinéma d’Annaba restent vivaces. À cette époque, les jeunes Bônois, assoiffés de liberté, préféraient passer leurs soirées devant un écran plutôt que de rester chez eux ou dans leur quartier. Des salles spécialisées étaient dédiées aux films hindous, égyptiens, policiers, et bien d’autres genres. Les cinémas populaires fréquentés par les Annabis étaient nombreux, comme « El Djamel » à Bormet El Gaz, « Le Royal » sur le boulevard Boukhetouta, et « Le Rio » à la cité Seybouse. D’autres établissements, comme « Le Colisée » rebaptisé « l’Edough », accueillaient également des événements sportifs et culturels, tandis que « Le Pax » est devenu un terrain de sport et de conférences. Durant la colonisation, certains cinémas étaient réservés exclusivement aux colons, tels que « Les Variétés » à rue Emir Abdelkader et « Le Majestic », devenu aujourd’hui la cinémathèque sur le boulevard du 1er novembre. Toutefois, des établissements comme « L’Olympia » continuent à être ouverts au public pour la projection de vidéos de matchs de football, tout comme « Le Rex » (El Karama) qui reste actif avec ses loges familiales et ses orchestres. Il y a lieu de rappeler le dernier cinéma à avoir ouvert ses portes à la fin des années cinquante était « L’Empire », avec ses premières mezzanines et son affiche inaugurale du film « Orfeu Negro », reproduite par le professeur de dessin du lycée Saint Augustin, André Madrès.
Ahmed Chabi
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