L’Algérie, qui, ambitionne de devenir un acteur important de la production mondiale de phosphate, vient de lancer les travaux de réalisation d’un quai adapté au port d’Annaba pour 620 millions de dollars. Le coup d’envoi du chantier a été donné, solennellement, le mardi 23 avril. Le projet intégré d’exploitation du gisement de phosphate de Tébessa prend davantage forme avec le lancement des travaux d’extension du port d’Annaba pour l’exportation de ce produit stratégique. L’exploitation du gisement de phosphate de Tébessa fait partie d’un ensemble de projets intégrés dans le secteur minier lancés ces dernières années afin d’amorcer une véritable diversification des exportations algériennes, jusque-là dominées par les hydrocarbures. Les autres projets phares dans ce sens sont l’exploitation du gisement de minerai de fer de Gara Djebilet, près de Tindouf, à l’extrême sud-ouest du pays, et celui de zinc et de plomb d’Oued Amizour (Béjaïa). L’Algérie produit suffisamment de phosphate pour couvrir les besoins de son agriculture, mais elle veut produire davantage pour exporter. En décembre, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, avait souligné l’importance de la filière à l’occasion de l’inauguration de la Foire de la production nationale. « Ça devient le produit le plus stratégique au monde, plus que le gaz et le pétrole (…) Celui qui détient les engrais détient pratiquement un pouvoir de décision énorme », a déclaré le chef de l’État. D’un investissement total de six milliards de dollars, le projet intégré de Tébessa a été lancé en 2020 en partenariat avec les Chinois. Une grande partie de la production devant être destinée à l’exportation (six millions de tonnes par an), le projet prévoit, outre l’extraction du phosphate, l’extension et l’adaptation du port d’Annaba, le plus proche du gisement, avec la réalisation d’un quai minéralier. Pour rappel, les travaux ont été officiellement lancés le mardi 23 avril par le ministre des Travaux publics et des infrastructures de base, Lakhdar Rekhroukh. Il s’agit d’un terminal minéralier s’étendant sur 82 hectares, long de 1.600 mètres et avec un tirant d’eau de seize mètres. Le projet a été confié, pour 89 milliards de dinars (620 millions d’euros), à un consortium de réalisation algéro-chinois composé des entreprises publiques algériennes Cosider et Meditram ainsi que de la société chinoise CHEC (China Harbour Engineering Company, NDLR). Le délai de réalisation est fixé à 24 mois. Lors d’une sortie similaire en décembre, le président de la République avait insisté sur l’exportation avec une forte valeur ajoutée. « Il faut arrêter toute exportation du brut », avait-il instruit, indiquant que « dès qu’on aura terminé avec le projet de phosphate d’Annaba, il faut penser à une très forte intégration », avec l’objectif de couvrir les besoins d’une bonne partie du continent africain en engrais. La Chine est le leader mondial de production du phosphate avec 85 millions de tonnes par an sur un total de 280 millions de tonnes. En Afrique, le Maroc est en tête avec quarante millions de tonnes. Ce chiffre inclut toutefois les quantités de phosphate extraites illégalement des territoires occupés du Sahara occidental.
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