En Algérie, le vrai redécollage économique n’a pas encore eu lieu, mais tous les indices montrent qu’il ne saurait tarder, si le rythme imprimé à la mise en œuvre de la stratégie conçue par l’État est maintenu. « L’Algérie est sur un petit nuage », avait commenté le site d’information tunisien « Tunisie Numérique », mettant en exergue les dernières données livrées par le Fonds Monétaire International (FMI). Avec un taux de croissance de 4,1 % réalisé en 2023, très proche des prévisions de l’institution financière internationale, un solde de la balance des paiements affichant un excédent de 6,53 milliards de dollars et des réserves de change atteignant 69 milliards de dollars, l’Algérie est entrée dans une phase ascendante, qui promet de se poursuivre avec la hausse, même relativement modeste, des exportations hors hydrocarbures. Car le cycle a tendance à s’affirmer, au fur et à mesure que des projets d’investissement entrent en activité. Sur le plan des chiffres, le Produit Intérieur Brut (PIB) algérien s’est hissé à 266,80 milliards de dollars en 2024, ce qui propulse le pays directement au troisième rang africain. Mais cette performance occulte une réalité plus ou moins compliquée : la situation des entreprises publiques en difficulté. Si ces dernières nécessitent, certes, des aides de l’État, elles doivent cependant redémarrer sur des bases solides et réalistes, établies selon des diagnostics purement économiques, pour être productives. Privatisation totale ou ouverture du capital social au privé, c’est à ce prix que le pays pourrait divorcer définitivement avec les anciennes méthodes hybrides, mélangeant les outils capitalistes aux conceptions socialistes. Le secrétaire général de l’UGTA, dans une interview pour la radio nationale, a évoqué l’un des aspects liés à cette question, estimant que « si on augmente les salaires et, en face, nous avons une tendance inflationniste haussière, cette augmentation sera consommée en six mois ou une année au plus ». « Les augmentations de salaire exigent une économie forte. On doit nous pencher sérieusement sur le cas des entreprises en difficulté et celles qui doivent produire davantage et qui nécessitent des aides de l’État pour parler d’augmentation de salaire », a-t-il déclaré. Une déclaration qui échappe à la pensée populiste d’une certaine époque, mais qui ne s’y oppose pas. La dynamique actuelle de l’investissement et les indicateurs positifs macroéconomiques sont des atouts à entretenir avec rigueur et pragmatisme, pour espérer devenir, à moyen terme, la première économie africaine. L’Algérie, qui vient de conclure un marché d’exportation vers l’Arabie saoudite près de 2,5 millions des stylos à insuline, pour un chiffre d’affaires d’environ onze millions d’euros, est en mesure de faire mieux dans de nombreux secteurs. « L’exportation, qui sera réalisée en trois étapes et englobe 2,5 millions de stylos à insuline, avec un chiffre d’affaires estimé à 11 millions d’Euros, s’inscrit pleinement dans la politique de diversification de l’économie nationale et de promotion des exportations », a indiqué Ali Aoun. Pour le ministre de l’Industrie et de la Production pharmaceutique, « exporter vers un pays où il est très difficile de se positionner dans le domaine du médicament, d’une part, et remporter le pari de fournir différents types d’insuline aux diabétiques en Algérie et leur éviter le problème de la pénurie des médicaments qui se posait dans le passé, d’autre part, est une grande performance ».
Mohamed Mebarki
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