Le médecin palestinien Ghassan Abu Sitta était attendu hier au Sénat français pour parler des horreurs dont il a été témoin à Ghaza. Le chirurgien plasticien et reconstructeur spécialisé dans la chirurgie crânio-faciale, la chirurgie esthétique, la chirurgie des fentes labiales et palatines et les blessures liées aux traumatismes devait participer à un colloque organisé au Sénat par une élue d’Europe Ecologie-Les Verts. Arrivé en début de matinée à l’aéroport Roissy – Charles-de-Gaulle, en provenance de Londres où il réside, il a été refoulé par la police des frontières. Il est resté à Ghaza du 9 octobre au 18 novembre 2023. Pendant son séjour dans l’enclave palestinienne, il a déjà déclaré auparavant qu’il avait « découvert un niveau d’horreur sans précédent ». « C’est la différence entre une inondation et un tsunami. Le nombre colossal de blessés, les enfants amputés, les visages défigurés… L’ampleur n’avait rien à voir », a-t-il souligné. Il est considéré à juste titre comme l’un des rares à témoigner de la situation apocalyptique dans l’enclave assiégée depuis le 7 octobre 2023. Au cours d’une conférence de presse, après son retour à Londres, il avait déclaré avoir soigné des patients souffrant de brûlures au phosphore blanc ». En janvier dernier, il s’est rendu à La Haye pour rencontrer les enquêteurs de la Cour pénale internationale. « Je suis à l’aéroport Charles De Gaulle. Ils m’empêchent d’entrer en France », s’est-il indigné hier. « Ils disent que les Allemands ont interdit mon entrée en Europe pendant un an », a-t-il indiqué dans un tweet. Une source policière a confirmé qu’une « fiche d’interdiction de l’espace Schengen » émise par l’Allemagne empêchait son entrée en France. « La police française a pris sa décision, je ne peux plus rien faire. C’est comme à Berlin, la criminalisation des victimes. Le gang complice du génocide essaie de faire taire les témoins », a-t-il confié. Organisatrice du colloque, la sénatrice Europe Ecologie-Les Verts, Raymonde Poncet Monge, a exprimé sa « totale réprobation politique ». « Comment l’Allemagne peut-elle décréter des interdictions de territoire dans tout l’espace Schengen ? C’est hallucinant ! C’est une nouvelle étape dans la répression de tout ce qui touche à la Palestine », a-t-elle dénoncé. Le médecin palestinien, qui avait travaillé dans des zones de guerre en Irak, au Liban, en Syrie et au Yémen, était porteur d’un passeport britannique. Pourquoi les autorités françaises ont-elles donc interdit l’accès au territoire français à une autorité médicale et scientifique mondialement connue, au moment où la mobilisation estudiantine en faveur du peuple palestinien se répand à travers tous les campus ? « On pense que c’est vraiment important ce qui se passe en ce moment, il y a un génocide en cours en Palestine. Le gouvernement français ne dit rien, voire soutient Israël en envoyant des armes », a souligné une étudiante, avant d’ajouter que c’est « l’humanité qu’on est en train d’assassiner ». Pendant ce temps, une responsable du Programme alimentaire mondial vient d’alerter lors d’un interview avec la chaîne américaine NBC que « la famine est là, une véritable famine dans le nord de Ghaza, et qui se déplace vers le sud ». « Quand vous avez des conflits de ce type, avec tant d’émotion, où tant de choses se passent, la famine arrive », a-t-elle dit. « Ce que nous demandons, ce que nous n’avons pas cessé de demander, c’est un cessez-le-feu et la possibilité de disposer d’un accès sans entrave afin d’entrer » dans Ghaza pour délivrer de l’aide humanitaire, a-t-elle soutenu.
Mohamed M/Ag
Partager :