En début d’après-midi d’hier, mardi 7 mai, la ville de Constantine a renoué avec ses nobles traditions pour célébrer et raviver, ne serait-ce que l’espace d’une demi-journée, la fameuse m’laya noire, « laâdjar » et le haïk, dont se couvraient autrefois les femmes lorsqu’elles sortaient de leurs demeures. En parallèle avec la fête de la distillation de l’eau de fleur d’oranger qui bat encore son plein, cet événement, qui revient chaque printemps au centre et dans l’ancienne ville des ponts, égaie l’atmosphère de la ville et émerveille les visiteurs venant des wilayas voisines ainsi que les touristes qui affluent sous les murs de Cirta. Depuis peu, cet événement est marqué par l’organisation d’une fête perpétuant le souvenir des costumes traditionnels et de ces accoutrements. Cette troisième édition s’est exprimée par un défilé organisé par le musée national des arts et des expressions culturelles traditionnelles de Constantine, domicilié au palais du Bey, dans les rues et ruelles de la vieille ville, s’arrêtant dans des sites désormais considérés comme des symboles de la ville. Une procession d’une vingtaine de femmes en m’laya noire typiquement constantinoise, accompagnées de jeunes filles, de filles et de petits enfants des deux sexes vêtus de tenues traditionnelles, a traversé quelques rues et ruelles de la vieille ville, traversant Rahbet Essouf et se dirigeant vers la célèbre fontaine de Sidi Djelis. Leur passage, notamment par la grande rue commerçante de Didouche Mourad, a suscité l’émerveillement de la foule de clients des nombreux magasins de cette rue piétonnière, accompagné de youyous. « C’est la troisième édition de cet événement », nous a expliqué Meriem Guebailia, directrice du musée qui chapeaute cette manifestation culturelle organisée sous le slogan : « Constantine, raconte-nous la m’laya et le haïk ». Le défilé s’arrêtera à la célèbre fontaine de Sidi Djelis pour prendre contact avec les habitants et parler de ces traditions citadines qui ont tendance à disparaître aujourd’hui, a poursuivi notre interlocutrice. Et d’ajouter : « Ensuite, nous reviendrons au Palais du Bey pour prendre « qahwat al Asr » (le café de l’après-midi) et déguster les gâteaux traditionnels faits maison, tels que le makroud, le baklava, la gheribia, tamminet ellouz, etc. ».
Le colloque national ouvert
Par ailleurs, l’ouverture d’un colloque d’études sur la sauvegarde du patrimoine culturel a également eu lieu hier, sous l’égide du directeur de la Culture et des Arts de la wilaya de Constantine et du directeur du musée public national Cirta. Cet événement a réuni plusieurs personnalités importantes, dont la directrice de l’antenne de l’Office national de Gestion et d’Exploitation des Biens Culturels protégés (OGEBC), et le directeur régional des Douanes de Constantine. De même qu’une représentante de la Police Aux Frontières (PAF) de la Sûreté nationale, ainsi que les directeurs des musées Ahmed Bey à Constantine, Sétif et Khenchela. Le programme de ce colloque était riche en interventions d’experts. Le Dr. Hocine Taoutaou, directeur de l’annexe du Centre national de recherche sur la préhistoire et l’anthropologie, a présenté des exemples de menaces naturelles et humaines pesant sur le patrimoine culturel. Les enseignantes et enseignant Meriam Saghiri, Insaf Boumazbar et Abdelaziz Dabache du Centre national d’aménagement du territoire ont étudié les risques particuliers menaçant le mausolée d’Imedghassen et le minaret d’El Khroub. L’intervention de Yasser Benzagouta, Nabil Bourssasse et Ikbal Farah du même centre s’est penchée sur le rôle du numérique dans la préservation des biens culturels. Radia Bouajina de l’École nationale de conservation et de restauration des biens culturels a abordé la conservation préventive dans les musées, tandis que Nadia Fakroun a traité de la gestion de la maintenance du patrimoine immobilier. Des échanges riches ont suivi ces présentations avant la clôture de ce colloque et la remise des attestations aux participants. Cet événement de haut niveau s’est inscrit dans une noble cause, celle de la sauvegarde de l’exceptionnelle richesse patrimoniale de l’Algérie.
A. M. / Rafik S.
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