L’association des commerçants du complexe touristique Bel Azur s’est rassemblée le samedi 4 mai pour élire un nouveau président de l’association, mais pas seulement. À l’issue de cette réunion, les commerçants ont décidé de faire front uni et de faire valoir leurs droits auprès de l’Entreprise Publique Economique (EPE) Bel Azur, quitte à intenter une action en justice contre l’entreprise. En effet, comme indiqué par les membres de l’association, ces derniers seraient « tombés dans une faille légale dans laquelle ils sont piégés depuis trente ans ». Ils ne seraient ni propriétaires ni locataires, mais plutôt des bailleurs de fonds d’un projet. Ce dernier est en grande partie financé avec les fonds qu’ils ont investis dans l’élaboration d’un projet comprenant une Agora, un centre commercial, une marina et autres infrastructures. Ce projet, encore inachevé trente ans après, serait resté en suspens en raison de divers décrets ministériels survenus pendant sa réalisation. Cette situation aurait placé les commerçants dos au mur, sans possibilité de devenir propriétaires des concessions dans lesquelles ils investissent depuis trois décennies. Les exploitants des locaux commerciaux du site ont unanimement dénoncé « la faible implication des responsables de l’entreprise de gestion de ce complexe touristique dans le suivi des contrats, et surtout leur manque de réactivité lorsqu’on les sollicite ». Il s’agit de 57 commerçants payant un loyer mensuel de 800 dinars par mètre carré, auxquels s’ajoutent les charges de gardiennage, d’entretien et de sécurité dans les espaces du complexe touristique. Ces charges, une fois combinées, peuvent atteindre et dépasser les 200.000 dinars par mois. À cet égard, les propriétaires de restaurants, cafétérias et autres boutiques pointent notamment la mauvaise gestion de l’entreprise publique économique éponyme, en ce qui concerne l’entretien des lieux, leur gardiennage et leur maintien en état de propreté. « Ces engagements semblent ne pas être respectés, comme en témoignent la dégradation des lieux, l’insécurité et les problèmes d’assainissement », souligne-t-on. « J’ai un problème d’assainissement qui dure depuis plus de trois mois. Je l’ai signalé à l’entreprise plusieurs fois et ils ne sont toujours pas intervenus », a expliqué Mohamed Dahraoui, membre de l’association des commerçants du complexe touristique Bel Azur et « bailleur de fonds » d’un restaurant. La nouvelle direction de l’EPE Bel Azur prévoirait d’augmenter ces charges, sollicitées dans le cadre des préparatifs de la saison estivale 2024, en menant une démarche de porte-à-porte et en renégociant individuellement les contrats des bailleurs de fonds. Cependant, Dahraoui a tiré la sonnette d’alarme et a rassemblé tous les commerçants du complexe pour élire un nouveau président de l’association. À l’issue de cette réunion, Younes Abdalah a été élu. La première action du nouveau bureau de l’association sera d’interpeller la direction de l’EPE Bel Azur et d’explorer les options disponibles pour permettre aux commerçants d’acquérir au moins les « murs » de leurs commerces, ont-ils déclaré. Cela, compte tenu de la situation compliquée dans laquelle se trouve l’ensemble du projet, resté inachevé depuis trente ans. Toutefois, ce n’est pas la seule option envisagée par l’association. Elle envisage également de rendre cette affaire publique en intentant une action collective en justice contre l’EPE Bel Azur. En effet, Dans un communiqué rendu public et dont une copie nous a été adressée, les concernés promettent de ne pas laisser passer inaperçue en la portant à la connaissance du wali d’Annaba, des autorités et des élus locaux, auxquels ils demandent d’intervenir pour leur rendre justice. Dans ce contexte, les locataires annoncent leur intention de s’organiser officiellement en association et de procéder à l’installation dans les meilleurs délais du bureau qui les représentera, en présence d’un notaire dûment agréé. Pour rappel, la situation qui prévaut au sein du site de Bel Azur, implanté en bordure de la plage Rizzi Amor, a été soulevée à maintes reprises par la presse. Les habitants de la ville sont nombreux à déplorer l’absence de maintenance et le manque d’hygiène qui caractérisent ce qui devrait être un bijou architectural à proximité immédiate de l’une des plus belles plages de la Coquette.
Soufiane Sadouki / Ahmed Allia
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