Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, effectuera « dans les prochains jours » une visite en Arabie Saoudite. Ce sera la première visite à ce niveau, après le froid diplomatique qui s’est installé entre les deux pays, depuis au moins 2022. Cette visite présidentielle revêt un caractère stratégique : les deux pays entretiennent en effet des relations difficiles et compliquées, depuis plusieurs années. Sans aller jusqu’à parler de crise diplomatique ou de dégradation « substantielle », les liens entre les deux pays ne vivent pas pour autant leurs meilleurs moments. Notamment à cause de l’aversion qu’ont les Saoudiens de voir un pays de la région émerger. Une tension est donc née entre Alger et Riyad. Tout a commencé en 2022, lorsque l’Algérie accueillait, en grande pompe, le sommet des États de la Ligue arabe. Durant de longs mois, Alger travaillait à réintégrer la Syrie au sein de l’organisation et à réconcilier les différentes factions palestiniennes. Pour le prince héritier d’Arabie saoudite, cela était de trop et risquait d’éclipser son pays. Le royaume des Al Saoud a alors œuvré à faire avorter cette initiative. Pour éviter les frictions, l’Algérie a fini par renoncer à inviter le président syrien, Bachar El Assad, mais a réuni, la veille du sommet, toutes les factions palestiniennes à Alger. Comme première réplique saoudienne, le prince héritier, Mohamed Ben Salmane, prétextant des problèmes de santé, n’est pas venu au Sommet et a envoyé son ministre des Affaires étrangères le représenter. Quelques mois seulement après cette crise, l’Arabie saoudite a organisé, en mai 2023, le sommet de la Ligue arabe. Étrangement, le pays qui avait la présidence tournante, à savoir l’Algérie, était carrément exclu des préparatifs de cette rencontre. Pis, deux réunions consacrées à la Palestine se sont tenues… sans l’Algérie. Réponse de l’Algérie : le président Abdelmadjid Tebboune ne s’est pas déplacé à Riyad, pour assister au sommet saoudien, qui a intégré la Syrie dans les rangs de l’organisation panarabe. Ces tensions ont fait que la visite de Mohamed Ben Salmane à Alger a été reportée à plusieurs reprises. Ce qui n’a pas empêché des visites de plusieurs ministres saoudiens en Algérie, à commencer par celui de l’Intérieur, qui est venu à plusieurs fois. Idem pour le chef de la diplomatie saoudienne. Sur le plan économique, les investissements saoudiens ne se sont pas arrêtés ces dernières années, même si leur volume n’est pas énorme. Ainsi, un complexe touristique a été inauguré l’an dernier à Skikda et d’autres projets financés par les Saoudiens sont annoncés depuis un moment. Par ailleurs, les deux pays n’ont jamais cessé de coopérer au sein de l’Organisation des Pays Exportateurs du Pétrole (OPEP) et au sein de l’organisation des pays producteurs et exportateurs du gaz, pour peser notamment sur les prix des hydrocarbures dans les marchés mondiaux.
Akli Ouali
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