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Documentaire sur les massacres de mai 1945 en Algérie: Kamel Beniaiche exhume « Le complot prémédité »

Après une année de la publication de son deuxième ouvrage « Massacres de Mai 1945 en Algérie/La vérité mystifiée », notre ami et collègue Kamel Beniaiche revient avec un film documentaire de 52’. Le « complot prémédité » est une nouvelle approche de l’épisode traumatique de mai 1945. Mu par le « devoir de vérité », l’échotier enquêtant depuis 2005 sur le plus horrible pogrom perpétué par la France coloniale-quelques heures après la fin de la deuxième guerre mondiale, persiste et signe. Après des mois d’efforts inlassables, l’idée de l’artiste Toufik Mezaache (Président de l’association culturelle Ibdaa Oua Tamayouz) appuyée par un texte écrit (en arabe dialectal) par Kamel Beniaiche, l’un des rares journalistes en activité à ausculter la plaie béante, donne naissance à une nouvelle pièce à conviction. Comportant des témoignages, des documents inédits, interventions et images poignantes, « le complot prémédité » met la lumière sur une facette méconnue de la barbarie coloniale. Les dix tableaux du document lèvent le voile sur plusieurs zones d’ombre. Le documentaire-témoignage, restaure la mémoire d’un pont important de notre histoire contemporaine. A travers un récit minutieux et pertinent, le film démontre en 52 minutes l’implacable rouleau compresseur, met à nu les thèses de l’ordre colonial. Autre forme de transmission de la mémoire, « le complot prémédité » a le mérite de délivrer du silence les voix bâillonnées et les milliers de victimes privées d’une tombe et d’une sépulture. Mêlant archives françaises, anglaises, interventions, et témoignages de derniers rescapés d’une tentative d’extermination ethnique n’ayant pas révélé tous ses secrets, 79 ans après, l’auteur apporte un nouvel éclairage, met des noms sur des sépultures discriminées, rend justice à des cadavres diffamés, ressuscite une foule de suppliciés. Instructif à plus d’un titre, « le complot prémédité » débusque le controversé bilan d’un armistice ensanglanté. Il fustige le calvaire de milliers de petits orphelins, déconstruit le simulacre de la reddition de Melbou – organisé de façon à frapper l’imaginaire de milliers d’indigènes terrifiés. Il déterre -archives à l’appui- la razzia qui a siphonné les biens de centaines de familles d’innombrables bourgs et bourgades du Nord Constantinois. Abordée, la décision historique du Président de la République Abdelmadjid Tebboune, instaurant, dès le 7 mai 2020, le 8 Mai comme journée nationale de la mémoire, est la particularité du documentaire. Le traitement « médiatique » du cataclysme de mai 1945 et la tragédie de Ghaza est l’autre fait saillant du « complot prémédité ». Présenté le 8 mai 2024 lors de la commémoration du 79ème anniversaire de la boucherie du printemps 1945, en présence des autorités locales, à leur tête Mustapha Limani, le wali de Sétif et un public nombreux constitué d’initiés et de citoyens lambda, le documentaire a été bien accueilli. « Franchement, je suis surpris par l’approche. ‘’Le complot prémédité’’ est particulier à plus d’un titre car il regorge d’une documentation riche. Bravo pour l’effort et le travail. Je reste sans voix face à des images et archives inédites. Le mérite de toute l’équipe est grand. Je salue le travail d’investigation de Si Kamel Beniaiche ainsi que les performances de l’artiste Toufik Mezaache. La narration de Djamel Labidi a donné une autre dimension au documentaire que je considère comme une nouvelle pierre dans l’édifice de l’écriture de l’histoire. Pour moult raisons, ce documentaire mérite une large diffusion », dira à chaud le réalisateur Ali Aissaoui qu’on ne présente plus. Le grand Hakim Dekkar est de cet avis : « En un mot, ce documentaire est l’œuvre de passionnés. Il a le mérite d’aborder les massacres de Mai 1945 d’un autre angle. S’appuyant sur le texte d’un journaliste-spécialiste du sujet, le film est une belle production. ‘’Le complot prémédité’’ avait largement sa place au dernier festival international du cinéma de Sétif, d’autant plus qu’il a été réalisé par des enfants de la ville. Cassant tous les vieux codes, ce film devrait bénéficier d’une importante diffusion. J’apprécie l’effort, le travail bien fait et cette extraordinaire réalisation de mes amis Toufik, Djamel et Si Kamel. Bravo à toute l’équipe ». Journaliste et membre de l’assemblée populaire communale de Sétif, Amine Haddad abonde dans le même sens : « Pléthorique en archives et documents inédits, témoignages, interventions et images diffusées pour la première fois, le documentaire est une belle réussite. Je ne comprends toujours pas son absence au dernier festival international du cinéma de Sétif alors que le « complot prémédité », véritable travail de recherche, coïncidait parfaitement avec les commémorations du 79ème anniversaire des massacres de mai 1945. Chapeau bas Si Kamel, à la hauteur comme d’habitude. Mes respects à Toufik Mezaache et Djamel Labidi -deux artistes connus et reconnus ». Etreint par l’émotion, le réalisateur du document, Toufik Mezaache, a bien voulu nous parler des coulisses, des difficultés rencontrées et du défi relevé. « Face aux incompréhensions des uns et aux doutes des autres, ce n’était pas du tout évident de réaliser un 52 minutes de cette qualité. ‘’Le complot prémédité’’ est le fruit de plus de neuf mois de travail et de préparation. Les appréciations et avis favorable d’initiés comme Ali Aissaoui et Hakim Dekkar nous réconfortent. Dieu merci, nous avons relevé le défi. Au nom de toute l’équipe, je tiens à remercier du fond du cœur les autorités locales et à leur tête Mustapha Limani -le wali de Sétif- pour leur aide et soutien incommensurables. Je salue le directeur de la Culture et des Arts de la wilaya, Hachemi Ameur, qui a suivi de très près le documentaire. Je ne peux oublier la position de la directrice de la maison de la culture de Sétif et le groupe restreint de sponsors qui nous a fait confiance. Je souhaiterais que nos enfants de l’éducation nationale et les étudiants des universités puissent voir une facette de la barbarie coloniale », dira non sans fierté l’autre cheville ouvrière du documentaire.

AB

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