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Pêche illicite du thon rouge dans la côte Est : Une menace sérieuse sur la biodiversité marine

Certains professionnels de la mer ne respectent nullement les lois de la République régissant l’exploitation des ressources halieutiques. Sinon, comment expliquer que des marins pêcheurs opérant dans les wilayas côtières de l’extrême Nord-est du pays, allant de Skikda (147,7 kilomètres) jusqu’à El Tarf (90 kilomètres), en passant par Annaba (80 kilomètres), soit un littoral d’une longueur totale de 317,7 kilomètres, continuent de braver l’interdit, en procédant illicitement et au grand jour à la pêche du thon rouge ?  

Pratiquement chaque matin, des dizaines de pêcheurs, parfois des plaisanciers, partent, contre vents et marrées, à la traque du thon. Ceci, malgré une présence et un contrôle rigoureux des éléments de la marine nationale, qui semblent avoir réellement du pain sur la planche. Ainsi, à deux semaines du lancement de la campagne de pêche du thon rouge, réservée à une trentaine de thoniers et laquelle allait permettre de générer plus de 30 millions de dollars, un montant devant contribuer à l’augmentation des exportations algériennes, des tentatives sans cesse d’exploitations clandestines sont quotidiennement signalées, apprend-on auprès des professionnels. Même si les bateaux pratiquant la pêche illégale sont surveillés depuis l’espace et par des écologistes, dans le but d’éviter toute menace pour les ressources halieutiques des eaux en développement et des aires marines protégées, certains marins pêcheurs continuent d’opérer de manière mafieuse. Ceci, malgré le fait que plusieurs embarcations impliquées dans ce trafic ont déjà été saisies et que tant leurs propriétaires que les marins pêcheurs qui s’y trouvaient ont fait l’objet de poursuites judiciaires. Il est à noter que la Commission Internationale pour la Conservation des Thonidés de l’Atlantique (ICCAT) compte augmenter à 2.046 tonnes le quota de l’Algérie de thon rouge pour l’année 2024. Cette décision est intervenue lors d’une réunion de la deuxième sous-commission de l’ICAAT, tenue au mois de mars dernier à Madrid (Espagne), avec la participation du sous-directeur de la Grande pêche et de la pêche Spécialisée au ministère de tutelle, Amar Ouchelli. La réunion a été marquée par l’adoption du plan de pêche de l’Algérie pour l’année 2024, lequel prévoit l’augmentation des capacités de la flotte de pêche au thon rouge avec cinq navires supplémentaires, en sus de l’approbation de l’ajustement du quota de l’Algérie avec 23 tonnes supplémentaires, en guise de compensation pour l’année 2023, portant ainsi le volume global du quota national à 2.046 tonnes au titre de l’année 2024, selon le ministère de la Pêche et des Productions halieutiques. Le plan de pêche prévoit pour la première fois l’inscription d’une ferme algérienne d’engraissement du thon rouge dans le registre de l’ICAAT, ce qui permettra à l’Algérie d’engager l’opération d’engraissement à partir de la prochaine saison. La réunion a débattu également des plans de pêche et d’engraissement du thon rouge, ainsi que des mesures d’inspection et de gestion des capacités de pêche en océan atlantique et en Méditerranée pour la saison 2024. 

Un secteur à la dérive ?

Devant la gravité de la situation, certains professionnels appellent à ce que « les atteintes aux richesses naturelles soient sévèrement réprimées par la force de la loi ». Ce littoral, sur lequel certains marins pêcheurs « sans foi ni loi » ont jeté leur dévolu, suscite de sérieuses inquiétudes. Plus grave encore, des golfes maritimes et des zones rocheuses censés être protégés pendant la période de reproduction naturelle des poissons sont systématiquement violés en plein jour, apprend-on de sources proches du secteur. Selon certaines indiscrétions, pratiquement toutes les zones maritimes « cuirassées » de ce littoral font l’objet d’un massacre.Pour nos interlocuteurs, de nombreux marins pêcheurs, opérant au large de ces côtes maritimes, « semblent défier la loi et continuent de porter de graves préjudices à la faune et à la flore ». Ce littoral fait l’objet, depuis des années déjà, d’une surexploitation sauvage et anarchique où les multiples récifs de corail dont il dispose sont la cible de filières internationales de pirates. Comble de l’ironie, même en cette période (mars-avril-mai) où la pêche est formellement interdite dans certaines zones de « reproduction », des marins pêcheurs participent activement et sans répit au massacre des richesses halieutiques. Cette situation est attribuée aux agissements criminels de certains patrons pêcheurs, qui opèrent à proximité des côtes avec des méthodes interdites même dans les pays les plus « reculés » au monde, telles que la pêche à la traîne avec des filets double poches, dites « 9,2 », ou l’utilisation de filets invisibles et semi-pélagiques. Les petits métiers et les chalutiers portent une grande responsabilité dans cette situation. Bien qu’ils soient tenus de larguer leurs filets à plus de 500 mètres du rivage, les propriétaires de ces embarcations opèrent souvent à vue des autorités concernées, à moins de 10 mètres seulement du rivage.

B. Salah-Eddine

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