Des mosaïques millénaires sont menacées de dégradation à Mila et ailleurs en Algérie. Le constat, alarmant pour le moins, est fait par l’un des spécialistes du domaine des biens culturels nationaux, Hamza Mohammed Cherif en l’occurrence, actuel directeur de l’Ecole Nationale Supérieure (ENS) de conservation et de restauration des biens culturels de Tipaza.
Rencontré le samedi 11 mai à l’occasion d’une conférence nationale sur le patrimoine, organisée par l’association Les amis du Vieux Mila, le professeur Hamza Mohammed Cherif a déploré le fait que de telles œuvres historiques, d’une précieuse valeur, soient abandonnées, mal entretenues ou exposées aux tentations des rôdeurs. « Dans la wilaya de Mila, il existe une magnifique mosaïque de l’époque romaine, mais elle se trouve très mal conservée. L’œuvre est enfouie sous terre, dans la cour d’une vieille bâtisse de la localité de Sidi Zerrouk, dans la commune de Rouached. Elle a été découverte lors de travaux de terrassement réalisés en 2008 par la famille Amimour. Et depuis, sur conseil de la direction de la Culture, les autorités locales l’ont recouverte, in situ, d’une couche de terre pour la préserver des aléas climatiques, faute d’un lieu adapté pour sa conservation », précisera-t-il. Pour la parenthèse, cette fresque romaine, remontant au troisième siècle avant l’ère chrétienne, est formée de trois panneaux géants. Le premier, de 2,87 mètres sur 1,68 mètre, comprend des formes humaines et animales, avec une épitaphe de l’empereur romain, Constantin Premier. Les deuxième et troisième panneaux, dont les dimensions sont de 3,70 sur 3,35 mètres et 5,85 sur 5,15 mètres respectivement, comportent des motifs végétaux et géométriques en cinq couleurs (noir, blanc, marron, jaune et rouge-brique), selon les indications que nous a fournies le chef du service patrimoine à la direction de la Culture de Mila, Lazghed Chiaba. Pour sensibiliser à l’importance de ces œuvres historiques, notre interlocuteur les qualifiera de « documents qui renferment une mine d’informations sur la vie politique, culturelle et sociale d’autrefois » et appelle les autorités et les citoyens à les considérer comme tels. Lors de l’entrevue qu’il nous a accordée, le directeur de l’ENS de la wilaya de Tipaza nous a appris que d’autres mosaïques, non moins importantes, méritent d’être mieux conservées et protégées. Il citera, dans ce sens, la mosaïque de la Tigresse de Tazoult, dans la wilaya de Batna. « La fresque a fait l’objet d’une tentative de vol. Elle a été récupérée, mais les malheureux auteurs de cet acte l’ont ébréchée et dégradée », a-t-il indiqué. Notre interlocuteur a soulevé également la question d’une mosaïque de l’époque coloniale, injustement attribuée par les internautes à l’antiquité. Il appelle les personnes non initiées au domaine de l’archéologie de faire preuve de retenue en commentaires et de cesser de jouer aux historiens pour ne pas induire la communauté en erreur.
Kamel B
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