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Fiasco du Salon du livre à Sétif : « On aurait mieux fait de s’abstenir… »

L’annonce du retour du Salon « national », absent à Sétif depuis 2016, a ravi les férus du livre et de la lecture. Le grand public comme les initiés, désirant mettre à profit une telle aubaine pour faire des emplettes et des affaires, et découvrir le cas échéant les « nouveautés », désenchantent.

Programmé du 13 au 25 mai 2024, le Salon n’ayant de Salon que nom est un flop, une véritable supercherie, au grand dépit des adeptes des publications littéraires et scientifiques qui n’en revenaient pas. Occupant une grande partie de la placette de la maison de culture de Sétif -méritant au passage un Salon du livre à sa dimension, à la hauteur de son histoire et son statut- le chapiteau est une coquille vide. Hormis treize maisons d’édition exposant pour certaines d’entre elles du « déjà-vu », les grands éditeurs comme « Casbah », « Anep », « Chiheb », « Dalimen », « Barzakh », « Media-plus » et « El-Kalima », pour ne citer que ceux-là, sont inscrits aux abonnés absents. Sautant aux yeux, le forfait des éditeurs précités n’est pas passé inaperçu. Il a même stupéfié les premiers visiteurs, restant sur leur faim et sans voix, dans un espace « vide ». Ils ont été choqués, pour ne pas dire scandalisés, par la manière de faire des « initiateurs  » de la « foire »,  ne mesurant pas les conséquences de leur ratage et le préjudice occasionné à une grande ville comme Sétif qui s’attendait à tout sauf à une mascarade nommée « Salon national du livre ». Face à l’ampleur du gâchis, d’innombrables questions nous taraudent l’esprit : Un Salon du livre digne du nom est précédé d’une campagne publicitaire, non ? Le programme de l’événement est présenté lors d’une conférence de presse ? Un Salon national du livre fait l’objet d’une grande couverture médiatique ? Un Salon du livre est synonyme de conférences-débats, de rencontres écrivain-public ? Un Salon du livre est pléthorique en ventes dédicaces ? Oubliant qu’un Salon national du livre est tout sauf un souk ou marché aux puces, les organisateurs qui ne savaient pas, en outre, qu’il s’agit d’un événement culturel de premier plan, font fausse route. Un Salon du livre offre à ses visiteurs une gamme variée d’essais, de romans, de publications diverses en français, arabes et anglais. Ce n’est malheureusement pas le cas de celui de Sétif, ne méritant pas un tel « ratage ». Au lieu de remettre à jour l’authentique Salon national du livre coïncidant d’habitude avec la commémoration des massacres du 8 mai 1945, les organisateurs ont, le moins que l’on puisse dire, raté leur sortie. « On n’organise pas pour organiser. Ce pseudo Salon du livre est indigne d’une ville universitaire comme Sétif, forte de deux campus de plus de 60.000 étudiants. Un tel événement est une fête où l’on trouve des publications toutes disciplines confondues. Si on n’est pas en mesure de reproduire au moins les Salons qu’on organisait à la salle des expositions d’El-Maabouda, où se côtoyaient des dizaines de grandes maisons d’édition, on s’abstient. Qu’on ne vienne pas nous dire que les gens ne lisent pas. Ce n’est pas ce genre de Salon qui va booster la lecture et donner envie. Franchement, c’est du n’importe quoi. Vous appelez ça un Salon du livre ? On s’est déplacé pour rien. Pour quelles raisons le véritable Salon national du livre de Sétif ne figure plus dans le programme officiel des commémorations des massacres de mai 1945 ? », s’interroge, non sans colère, un petit groupe de grands lecteurs déçus, pour ne pas dire abasourdis, par la grossière bourde des organisateurs, lesquels devraient revoir leur copie et écourter la durée d’un Salon… sans livres.   

Kamel Beniaiche 

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