Située à 50 kilomètres au nord de Biskra, El Kantara est une commune de 15.000 habitants, occupant une superficie de 238,98 kilomètres carrés. Célèbre pour son défilé -mince déchirure longitudinale ouvrant le Djebel Metlili et permettant le passage entre le Tell et les immensités du Sahara via la route nationale 3-, elle a bénéficié d’un programme de développement conséquent qui lui a permis, en quelques années, de se voir dotée de toutes les infrastructures de bases ; hôpital, établissements scolaires et centre de formation professionnel, maison et auberge de jeunes, stade et salles de sport, aménagements urbains et logements. Placée au centre des préoccupations des autorités locales, il ne se passe plus une semaine où elle ne reçoit la visite d’un ministre, d’un directeur exécutif ou d’un responsable, constate-t-on. Accompagné du secrétaire général de la wilaya de Biskra, des présidents de l’Assemblée Populaire de Wilaya (APW) et de l’Assemblée Populaire Communale (APC) d’El Kantara, le directeur de l’Hydraulique y a inspecté, en début de semaine, le chantier de réalisation d’un collecteur recevant les eaux de trois puits albiens. Répondant à une revendication des habitants d’El Kantara, se plaignant du dépérissement de leurs jardins et exploitations agricoles du fait du tarissement des sources d’eau, cet ouvrage vise à desservir en eaux d’irrigation les anciennes palmeraies de ce village et à y augmenter les superficies de terres arables, indique la fiche technique du projet. Voilà une nouvelle qui ne manquera pas de satisfaire les habitants et les amoureux du lieu, lequel recèle d’époustouflantes beautés géographiques et dont les gorges sont visitées par des milliers de touristes. Le noyau originel d’El Kantara composé des trois douars Gregar, Dachra et Bour Abbas, dont le village rouge rebaptisé cité du 8 mai 1945, est inscrit au patrimoine national. La nouvelle ville d’El Kantara s’étend à l’est, sur la plaine d’El Faïdh. Pensant que les gorges d’El Kantara étaient la conséquence d’un coup de pied d’Hercule, les Romains l’avaient dénommé « Calceus Herculis », le soulier d’Hercule. Au VIIe siècle à l’époque des conquêtes musulmanes, ce village a connu, selon les historiens, une formidable expansion. Plus tard, les turcs y ont établi une garnison militaire et un centre de collecte des impôts. Des colons de différentes confessions s’y implantent après 1830. En 1862, Napoléon III entreprend de conforter le pont et d’ouvrir un tunnel de plus de 60 mètres pour le passage d’une ligne de chemin de fer. Une gare y est construite. El Kantara devient une escale obligée pour des milliers de visiteurs subjugués par ses palmeraies et la beauté de ses gorges. Archétype du village de l’est algérien ayant offert à la patrie les meilleurs de ses fils durant la guerre de libération nationale, El Kantara est le village natal du valeureux Chahid Driss Omar et de dizaines de martyrs, s’enorgueillie-t-on.
Un pôle touristique renaissant
« Trois grandes tribus : les Ouled Si Ali Mohamed, les Ouled Bellil et les Ouled Mahmed, ont peuplé le village. Les anciennes familles d’El Kantara sont les Abdelaziz, Bensebaa, Belahmar, Benguezal, Bellal, Chelli, Hamdane, Cherhabil, Khelifi, Adeddaim, Khalfa, Metlili, Nasri, Djenane, Ganibardi, Houfani, Hedjaz, Khireddine, Saadlaoud, Souri, Youb, Zeroug, Meguellati, Driss, Khaled, Mokdad, Bellil, Chengriha, Nourani, Belaid, Chebouti, Ramdane Houara et Hamoud. Beaucoup de ces familles sont parties vers Biskra, Batna, Alger, en France ou au Canada. Leurs enfants reviennent souvent s’y ressourcer », soutient Hakim Abdelhak, qui a transformé une vieille maison familiale en musée et en gite pour les touristes. Il est vrai qu’El Kantara continue de subjuguer ses visiteurs. Tous en repartent émerveillés par la beauté des lieux et l’hospitalité des gens. On peut y admirer l’ingéniosité architecturale arabo-berbère du village ancestral bâti en terre battue et troncs de palmiers, un musée lapidaire fondé par Vulpilliéres, riche de dizaines de pièces archéologiques de l’époque romaine, des paysages à couper le souffle et une immense palmeraie irriguée par les eaux de l’Oued Hai. E. Fromentin. A. Gide et d’illustres artistes et hommes de lettres en ont chanté les beautés naturelles et la splendeur des jardins et des palmeraies. Ceux-ci se meurent inexorablement. Les usagers de la route nationale 3 auront remarqué les jardins abandonnés, les stipes calcinés et les seguias asséchées. Le projet mené actuellement par la direction de l’Hydraulique de Biskra consistant à fournir de l’eau d’irrigation permettra de sauver cette perle des Aurès de la sécheresse, est-il escompté. El Kantara, aux splendeurs panoramiques et aux jardins luxuriants ayant inspiré des centaines de poètes, musiciens et artistes du monde entier, le mérite amplement, notera-t-on.
Hafedh M.
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