Les États-Unis viennent de démontrer à leurs satellites, alliés et même à leurs adversaires et au monde, que tout un univers sépare les intentions clamées et les actes imposés par les rapports de force et les cercles où est installée la réalité du pouvoir. Il y a deux semaines, le secrétaire d’État américain avait déclaré que la guerre à Ghaza devrait prendre fin et qu’une voie vers l’établissement d’un État palestinien devrait être tracée. Lors d’une interview en marge des activités du Forum économique, tenu dans la capitale saoudienne Riyad, Blinken avait même évoqué une normalisation entre Israël et les pays arabes. « Nous assistons à la pire crise au Moyen-Orient depuis 1948. Nous déployons des efforts avec nos partenaires arabes, régionaux et internationaux, pour mettre fin au conflit à Ghaza et éviter son expansion dans la région », avait-il affirmé, assurant ne pas soutenir une opération militaire sur Rafah « en l’absence d’un plan visant à épargner les civils ». « Nous sommes déterminés à faire tout ce qui est en notre pouvoir pour mettre un terme aux souffrances humaines à Ghaza », avait-il promis, révélant que la normalisation des relations entre Riyad et Tel-Aviv est proche. Ceci du côté des déclarations. Du côté des faits c’est une autre réalité, une autre vision des choses. Les États-Unis veulent livrer pour l’équivalent d’un milliard de dollars d’armes à Israël, en dépit des menaces de Biden. Ce dernier avait en effet menacé, à plusieurs reprises, de limiter l’aide militaire qu’il apporte à Israël. Ainsi, Washington va demander au Congrès d’approuver la livraison de munitions pour tanks et de véhicules tactiques. L’exécutif américain a notifié, avant-hier mardi, le Congrès qu’il allait procéder à une livraison d’armes à son allié pour environ un milliard de dollars. Selon le Wall Street Journal, qui a d’abord révélé l’information, cette livraison inclut 700 millions de dollars de munitions pour tank et 500 millions pour des véhicules militaires tactiques. Ce paquet d’aides est dépensé au sein de l’immense plan d’aide américain à l’Ukraine, Israël et Taïwan, d’un montant total de 95 milliards de dollars, dont treize milliards pour Israël, que Joe Biden et son administration ont réussi à faire approuver il y a quelques semaines, au terme de longs mois de négociations. Aussi, ceux qui veulent dérailler cette livraison d’armes se retrouvent dans une position minoritaire. Le 8 mai, le président américain avait pourtant dit qu’il « ne livrerait pas » certaines armes à Israël, en particulier des « obus d’artillerie », en cas d’offensive majeure contre Rafah. Rien de tout cela ! Au 222e jour de la guerre contre Ghaza, le ministère de la santé ghazaoui déplore dans son bilan quotidien des victimes de la guerre, « 35.233 morts et 79.141 blessés ».
M. Mebarki/AG
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