« Le blocage de l’aide humanitaire dans la bande de Ghaza pourrait avoir des conséquences apocalyptiques », a prévenu, hier, le chef des Affaires humanitaires de l’ONU, Martin Griffiths, en mettant en garde contre « le risque de famine dans le territoire palestinien assiégé et dévasté par plus de sept mois de guerre ». « Si le carburant vient à manquer, si l’aide ne parvient pas aux personnes qui en ont besoin, la famine, dont nous parlons depuis si longtemps et qui menace, ne sera plus une menace. Elle sera présente », a-t-il déclaré dans un entretien à l’AFP, en marge d’une réunion avec des responsables qataris à Doha. « Notre préoccupation, en tant que citoyens de la communauté internationale, est que les conséquences seront très, très dures. Dures, difficiles et apocalyptiques », a-t-il ajouté. « Une cinquantaine de camions d’aide peuvent parvenir quotidiennement dans le nord de Ghaza via le point de passage d’Erez, qui a rouvert. Mais les combats près des points de passage de Rafah et de Kerem Shalom dans le sud du territoire signifient que ces voies vitales sont bloquées ». « Donc l’aide qui arrive par les voies terrestres vers le sud et pour Rafah, ainsi que pour les personnes délogées de Rafah, est quasiment nulle », a-t-il indiqué. Quelque 800.000 Palestiniens ont été forcés de fuir Rafah depuis le 6 mai, selon des informations diffusées par l’ONU. La situation dans cette ville surpeuplée, qui manque de carburant, de nourriture et de médicaments, est « exactement ce que nous craignions qu’elle soit », a affirmé Martin. « Nous avons tous dit très clairement qu’une opération à Rafah est un désastre en termes humanitaires, un désastre pour les personnes déjà déplacées à Rafah. Il s’agit maintenant de leur quatrième ou cinquième déplacement », a-t-il souligné. Le diplomate britannique, qui devrait quitter ses fonctions pour des raisons de santé selon l’ONU, a déploré que « les règles qui avaient été difficilement élaborées, depuis la création des Nations unies (…) mais surtout au cours des deux dernières décennies, semblent avoir été mises de côté ». « Il n’y a pas de consensus sur les méthodes de dialogue et de négociation ou de médiation, qui doivent être, à mon avis, prioritaires. Nous avons donc un monde en colère », a-t-il dénoncé, regrettant que les appels de l’ONU restent inaudibles dans un contexte international où seule la voix des Etats-Unis et ses satellites domine.
M.M/Ag
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