Après une réunion fructueuse et houleuse en janvier dernier à Paris, le groupe d’historiens algériens et français, se retrouvera le vendredi 24 mai prochain à Alger. Selon une source très bien informée, la rencontre sera précédée d’une série de visites dans des lieux historiques en Algérie, durant la période allant du 21 au 23 mai, exactement comme cela a été le cas avant la tenue de la réunion de Paris. Les historiens vont visiter aussi bien des musées que des lieux de mémoire, comme la Casbah d’Alger, ainsi que des lieux où s’étaient déroulées les enfumades durant le 19e siècle, en plus d’autres endroits. Selon un membre de la délégation algérienne, les malentendus qui ont existé entre les deux parties se dissipent peu à peu. « Nos amis français commencent à comprendre l’importance de la mémoire chez nous », a-t-il indiqué. Selon la même source, les Français ont compris que les Algériens tiennent à la récupération des archives et d’autres objets historiques pris par la France coloniale, même s’il comprend aussi que cela puisse « vider » certains musées français. « Cela doit prendre du temps, mais nous tenons à récupérer ces objets qui font partie de notre mémoire », a indiqué cet historien. Il reste que certains blocages doivent être dépassés. À commencer par les autorisations politiques et juridiques, nécessaires à la récupération de reliques appartenant à l’Émir Abdelkader et exposées dans certains musées, que certains Français considèrent comme « inaliénables ». « Nous continuons les discussions sur ce sujet et sur d’autres », précise notre interlocuteur, qui a bon espoir que cette rencontre sera « la plus importante », avant « la visite d’État du président de la République » en France à l’automne prochain. Pour rappel, les historiens avaient émis des recommandations en direction des deux chefs de l’État, lors de la réunion de janvier. Ils ont commencé par proposer des solutions pour la question des archives et la commission a conclu la « restitution de 5 mètres linéaires d’archives de l’Algérie à l’époque ottomane, ainsi que la remise de 2 millions de documents numérisés des archives nationales d’outre-mer ». « Tout comme elle s’est attelée à définir la période, la nature et la typologie de ces archives et documents numérisés. La Commission s’est également accordée sur la nécessité et l’utilité de définir un ordre de priorités dans la numérisation des fonds d’archives, à commencer par les archives militaires et diplomatiques du XIXe siècle », a précisé le communiqué ayant sanctionné le conclave parisien, ajoutant que certaines archives « progressivement découvertes et numérisées pourraient faire l’objet de publications scientifiques ». En outre, la Commission a traité le lourd dossier de la restitution à la partie algérienne de biens appartenant à l’Émir Abdelkader, à Ahmed Bey et à d’autres personnalités algériennes. Elle a notamment cité « l’épée, le burnous, le Coran, la tente et les canons de l’Émir Abdelkader, la tente d’Ahmed Bey, la clé et les étendards de Laghouat (ville de sud-ouest algérien, témoin des massacres de la colonisation, NDLR) ». Enfin, les historiens proposent également la « réalisation des expositions sur l’histoire de l’Algérie au XIXe siècle, à partir des fonds présents dans les musées en France et en Algérie (…) Elle propose notamment que l’exposition sur l’Émir Abdelkader, réalisée au Mucem en 2022, soit également présentée dans un musée en Algérie », a souligné le communiqué.
Akli Ouali
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