Après cinq jours de travaux, les historiens algériens et leurs homologues français ont finalisé, hier vendredi, ce qui s’apparente à une réunion charnière, avant la visite que devra effectuer le président Tebboune à Paris, en automne prochain. Les résultats de ces rencontres vont être rendus publics lundi dans l’après-midi, lors d’une conférence de presse commune. Mais selon une source ayant participé aux réunions, la principale recommandation de ces conciliabules a consisté en « la nécessité de remettre au président algérien des objets ayant appartenu à l’Algérie ou à des personnalités algériennes lors de sa visite d’Etat à Paris. À cette recommandation, qui semble faire l’unanimité parmi les historiens des deux pays, les participants ont également suggéré l’inscription de la réunion comme un rendez-vous régulier et symbolique des relations entre les deux pays. Depuis sa création, ce comité mixte d’historiens se réunit pour la cinquième fois, alternativement en France et en Algérie. Avant la rencontre finale, la délégation française, emmenée par Benjamin Stora, a souhaité visiter des lieux qui représentent l’histoire commune, avant une séance de travail formelle. Elle s’est rendue à la Bibliothèque nationale d’Algérie, qui contient des documents liés à la période coloniale, puis au tribunal d’Alger, qui a abrité des procès retentissants durant la guerre d’indépendance algérienne. C’est là qu’ont été prononcées des condamnations à mort contre des indépendantistes algériens. L’équipe a poursuivi sa visite au Musée des beaux-arts d’Alger, qui compte en son sein des tableaux de peintres français et mondiaux célèbres, comme Delacroix ou Monnet, en plus de peintres algériens. Puis elle s’est rendue au Jardin d’essai du Hamma, l’un des plus anciens jardins botaniques dans le monde, créé en 1832, deux ans seulement après l’arrivée des armées françaises à Alger. Les historiens algériens tiennent particulièrement à la récupération des archives et des objets ayant appartenu à des dirigeants algériens de l’époque, plus particulièrement à l’Émir à Abdelkader. Pour refuser ces restitutions, les autorités françaises ont avancé le caractère « inaliénable » d’objets donnés aux musées français sous serment, notamment par des descendants d’anciens généraux de l’armée coloniale. « Le prétendu don a été fait sous le chantage et la pression des autorités françaises, le burnous et l’épée sont la propriété de l’Émir Abdelkader, donc par déduction, celle de l’Algérie », conteste Mohamed Lahcen Zeghidi, co-président de ce groupe d’historiens. Ce dernier se prépare à d’âpres négociations sur plusieurs fronts. « Nous sommes en train de livrer une bataille qui est celle de la récupération des archives nationales, pour laquelle a été instituée d’ailleurs la commission algéro-française pour la mémoire et l’histoire », a-t-il affirmé en mars dernier, à Tizi Ouzou. Mais, comme ses collègues , l’historien garde espoir. « Les autorités françaises refusent de nous restituer cette archive militaire sous prétexte qu’elle est souveraine, mais nous avons tout de même récupéré plus de deux millions de documents », rappelle le chercheur, qui garde ainsi l’espoir de voir les autorités françaises céder sur le reste des revendications algériennes.
Akli Ouali
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