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L’aéroport 8 mai 1945 de Sétif exclu des vols vers la Mecque : Frustration, colère et incompréhension chez les hadjis

Après vingt ans d’activités denses, l’aéroport 8 mai 1945 de Sétif n’est toujours pas éligible à la moindre rotation vers les Lieux Saints, au grand dam d’un bassin de huit millions d’habitants. Pour la énième fois encore, les candidats au Hadj 2024 des hauts plateaux sétifiens et de wilayas environnantes devront non seulement prendre leur mal en patience mais aussi « avaler » des centaines de kilomètres, avec tous les risques de la route pour prendre l’avion.

Le « zapping » de l’aéroport de Sétif, pourtant l’un des plus rentables du pays, n’a pas été, cette fois-ci, du goût de plusieurs pèlerins de la deuxième wilaya du pays en nombre d’habitants… Et l’une des plus dynamiques économiquement. « Une fois de plus, les pèlerins de la région de Sétif sont pénalisés. Des personnes âgées sont obligées de parcourir des centaines de kilomètres et végéter des heures durant avant de mettre le cap sur les Lieux Saints. Perdurant depuis de longues années, le supplice des candidats à l’Omra ou au Hadj n’offusque pas outre mesure les responsables en général et les députés en particulier. On a comme l’impression que le ‘’blocage’’ de l’aéroport de Sétif ne les concerne pas », fulminent des pèlerins et leurs proches qui se sont rapprochés de notre rédaction. « Des infrastructures aéroportuaires de moindre importance ont été retenues. L’élimination de celui de Sétif dont l’importance n’est plus à démontrer nous intrigue. Ne datant pas d’hier, une telle situation n’a pas l’air de s’estomper un jour. Ni les réclamations et doléances des citoyens ni les écrits de la presse n’ont reçu un écho favorable. Les demandes des voyagistes ayant émis le vœu d’organiser des Omra à partir de Sétif sont restées lettres mortes. On ne comprend pas. La compagnie nationale a assuré la ligne Annaba-Djeddah ou Médine par le biais d’un Boeing 737 B. Ce module peut faire autant à partir de Sétif », martèlent nos interlocuteurs, non disposés à lâcher prise.

Appel pressant au président de la République

Ayant gros sur le cœur, nos interlocuteurs pour lesquels la « mise en veilleuse » de l’aéroport de Sétif est une « hogra » ne disant pas son nom, s’adressent en ultime recours, sans le moindre filtre, à Abdelmadjid Tebboune – président de la République : « Nous mettons à profit une telle opportunité pour demander l’intervention directe du premier magistrat du pays et père de l’Algérie nouvelle. Nous sollicitons l’intervention du président de la République pour qu’il mette un terme à ces deux poids deux mesures. Monsieur le président, des femmes et des hommes d’un certain âge de l’une des plus grandes régions du pays sont contraints d’aller à Alger ou Constantine pour prendre l’avion alors qu’un aéroport doté de toutes les commodités, se trouvant à deux pas de nos domiciles, est mis en ‘’quarantaine’’. Nous souhaiterions qu’un jour, les habitants de toute la région de Sétif puissent en finir avec les aléas de la route et effectuer une Omra ou un Hadj à partir de l’aéroport du 8 mai 1945. Nous avons foi. Nous sommes persuadés que notre appel sera pris en considération », précisent, non sans une forte émotion, des futurs Hadji.

Des opérateurs économiques prennent le relais

« Depuis son ouverture, l’aéroport de Sétif connait un trafic dense, en dépit d’une faible exploitation réservée à deux lignes, Paris et Lyon, lesquelles ne bénéficient pas de rotations quotidiennes. Trouvez-vous normal qu’une structure dont l’importance économique n’est plus à démontrer pour l’économie d’une wilaya disposant d’une véritable armée d’opérateurs économiques estimée à 27.000 hommes d’affaires, dont 3.000 sont liés à des partenaires chinois, tourne au ralenti, pour ne dire chôme ? En mesure d’accueillir 48 vols par jour, avec une moyenne de six rotations toutes les deux heures, la structure tourne à moins de 10 % de ses capacités, avec deux ou quatre vols par jour. Trouvez-vous normal qu’un aéroport voisin tourne à plein régime au moment où celui de Sétif fonctionne à mi-temps ? », s’interrogent des opérateurs économiques, ne mâchant pas leurs mots. « Pour en faire un aéroport international de premier plan, les pouvoirs publics n’ont pas lésiné. Ils ont injecté ces dernières années pas moins de 1,5 milliard de dinars. Ils n’ont pas consacré de tels investissements pour que la structure marche à pas de tortue. L’extension permettant à l’infrastructure de doubler ses capacités d’accueil, qui passeront de 250.000 à plus de 450.000 passagers par an, et de traiter simultanément trois vols, n’est pas valorisée. Disposant pourtant de toutes les commodités et du potentiel technique lui permettant d’être un vecteur important dans la croissance économique de l’une des plus importantes régions du pays, l’aéroport attend malheureusement la saison estivale pour retrouver un semblant d’activité. C’est malheureux de le dire mais c’est la triste réalité », empestent les opérateurs. Et d’enchainer : « Soyons sérieux : un tel espace ne peut continuellement fonctionner avec uniquement deux destinations à la charge d’Air Algérie. La filiale de Sonatrach, Tassili Airlines, qui vient d’ouvrir de nouvelles lignes pour d’autres aéroports, a éludé la destination Sétif. L’indigence du plan de charge touche de plein fouet les lignes domestiques, où celle Sétif-Oran desservie auparavant par la filiale de Sonatrach n’existe plus. Les compagnies Volotea (espagnole) et Transavia (filiale d’Air France) ne desservent pas l’aéroport de Sétif pour le prestige. Au lieu de booster l’activité de l’infrastructure et d’épargner aux voyageurs les désagréments et dangers de la route ainsi que les affres de l’attente aux aéroports de Constantine et Alger soumis à de fortes pressions, les gestionnaires des lieux préfèrent le statuquo », précisent nos interlocuteur, pour lesquels la vieille histoire de l’extension de la piste de 2.900 à 3.200 mètres n’est qu’un alibi.

Kamel Beniaiche    

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