Ain Zaâtout est le village typique aurésien du nord de la wilaya de Biskra, qui a failli être rayé de la carte mais qui, à la faveur de projets publiques, est à deux doigts d’une résurrection, constate-ton. Ici, pas de palmiers mais des oliviers centenaires répondant aux noms de Kenane ou Zarach. Pas de routes rectilignes, ni d’autoroutes traversant des terres planes et monotones mais des ravins, des escarpements et des chemins serpentant à flanc de montagnes et qui offrent des vues panoramiques sur des paysages d’une époustouflante beauté. Accessible seulement par le chemin de wilaya 54 reliant les routes nationales 87 et 3, cette commune de la daïra d’El Kantara, distante de 49 kilomètres du chef-lieu de wilaya comptant quelque 6.000 habitants, s’étend sur 171 kilomètres carrés, dont 59,36 % sont en zones montagneuses. Culminant à plus de 1.400 mètres d’altitude, la neige y tombe en hiver et il n’est pas rare de voir surgir de la forêt immense de chêne-liège et de pins, faisant 4.264 hectares de superficie et jouxtant le village, des sangliers à la recherche de nourriture. Les habitants y vivent essentiellement du travail de la terre et de la culture d’environ 2.500 oliviers qui produisent une huile d’excellente qualité. La récolte de miel constitue aussi une source de revenus non négligeable pour les apiculteurs exploitant plus de 4.000 ruches. Opiniâtres et dures à la tâche, les Béni Farh de la commune d’Ain Zaâtout ont de tout temps tiré leur pitance de cette terre hostile et belle à la fois. Enclavée et anonyme, cette localité a végété au gré des maigres budgets de développement, du dépeuplement inexorable et de l’amoncellement des difficultés quotidiennes. Les années 90 et leurs lots d’événements dramatiques pour le pays n’y ont évidemment pas arrangé les choses. Beaucoup de ses habitants, à la recherche légitime d’une vie meilleure pour eux et leurs enfants, l’ont quittée pour aller s’installer à Biskra, Batna ou Alger. « Mais cette tendance semble se renverser. Les conditions sécuritaires sont excellente et la population commence à ressentir les effets des différents projets concrétisés dernièrement », a souligné un élu municipal. En effet, avec maintenant deux écoles primaires, un centre de formation dispensant des cours de couture et d’apiculture, un lycée de 800 places pédagogiques accueillant 250 élèves, un centre de soins employant quatre médecins et neuf paramédicaux, un stade de football et un stade « matico » et le raccordement des 1.200 foyers au réseau de distribution de gaz de ville, Aïn Zaâtout renaît graduellement. Cette résurrection sera effective avec la réalisation de forages d’eau potable dont elle souffre depuis des années. Ce projet suivi par la wilaya et les autorités concernées par l’hydraulique impulsera une dynamique de développement à ce village, pense-t-on à juste raison. « Le nombre d’habitants est multiplié par deux durant les étés. Beaucoup de natifs reviennent séjourner dans les maisons de leurs ancêtres. Il y a quelques années, il ne restait plus qu’un vieux pressoir à huile mue par un âne. Aujourd’hui, nous en avons cinq dont trois sont modernes, fonctionnant à l’électricité », s’enorgueillit-on. « Notre commune ne doit plus pâtir des lenteurs administratives, des projets bâclés et des retards d’exécution. Elle a tous les atouts pour devenir une importante zone oléicole, un site touristique et un havre de repos et de villégiature. Nous avons besoin d’eau pour les habitants, les établissements scolaires, le développement de l’agriculture de montagne, de l’apiculture et pour la plantation de nouvelles oliveraies », a expliqué Djamel Haba, maire d’Aïn Zaâtout. Pour lui, le seul cheval de bataille qui vaille d’être enfourché pour les prochains mois est d’arriver à offrir de l’eau à son village. Posé sur un piedmont, à quelques encablures du mont Ourthmadhas qui a donné son nom à une célèbre bataille de septembre 1956, durant laquelle les forces coloniales prévenues d’une importante réunion de Moudjahidine avaient engagé des forces colossales pour anéantir sans succès « la rébellion », le noyau originel du village de Aïn Zaâtout renaitra de ses cendres, se plait-on à croire. L’aménagement d’aires de stationnement et de repos pour les familles en villégiature dans la zone forestière, la réfection du chemin de wilaya 54 et la construction d’une auberge de jeune ou d’une toute autre structure d’hébergement et la formation de jeunes guides constituent aussi « des conditions sine qua none pour envisager la moindre embellie », disent les responsables de cette commune, laquelle veut plus que jamais sortir de l’anonymat et exister, a-t-on constaté.
Hafedh M.
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