En perte de vitesse depuis quelques années, le parti français Les Républicains (LR), qui représente la droite gaulliste, va de dérive en dérive. Pour chasser sur les terrains de l’extrême droite, il s’en prend à nouveau à l’Algérie, en employant des termes racistes et xénophobes, provoquant des réactions d’indignation jusque dans ses rangs. Dans un tweet en commentaire de l’information faisant état de l’existence d’une liste de biens culturels et historiques à restituer, transmise par l’Algérie au président français Emmanuel Macron, le parti a en effet écrit : « Message de service à l’Algérie, il faut tout reprendre, les biens et le mal : criminels, délinquants, clandestins, OQTF (obligation de quitter le territoire français, une mesure administrative, NDLR) ». Pire, le message a été suivi d’un « one, two, three… » en légende d’une image d’un avion et d’une photographie de supporters de l’équipe nationale d’Algérie, pour demander aux autorités françaises de renvoyer tous les Algériens. « Associer une histoire d’archives liées à la colonisation est une inspiration raciste, crasse », a commenté un éditorialiste de la chaîne BFMTV, qui a rappelé que les anciens présidents, à savoir le général de Gaulle et Jacques Chirac, issus de la droite, avaient déjà restitué à l’Algérie des biens confisqués durant la colonisation. Ce n’est donc pas la première fois que les deux États s’accordent sur la restitution des biens d’Algériens pris durant la période coloniale. Dans la classe politique française, les réactions à ce tweet ne se sont pas fait attendre, y compris parmi des figures des Républicains. « Je condamne avec force ce tweet qui ne reflète ni les valeurs ni l’histoire des Républicains. Aucun calcul électoral n’autorise à insulter un pays et son peuple, quelles que soient les divergences qui nous opposent », a écrit Xavier Bertrand, candidat malheureux à la présidentielle française de 2022 et ancien ministre, avant-hier jeudi soir sur X (ex-Twitter). « Je demande le retrait de ce tweet indigne qui abîme la belle campagne que mène François-Xavier Bellamy (tête de liste LR aux Européennes, NDLR) », ajoute celui qui est actuellement président des Hauts-de-France (Nord). De son côté, le sénateur du même parti, Cédric Perrin, a dénoncé des « propos haineux ». « J’ai d’abord cru à une fake news… mais non !! Nul besoin de concurrencer les extrêmes par des propos haineux ! », a-t-il écrit. « La droite républicaine ne devrait pas essayer d’imiter les populistes en espérant gratter quelques voix. La campagne menée courageusement par François-Xavier Bellamy montre que nous pouvons faire bien mieux », avait déjà estimé une autre voix LR dissonante, le député du Territoire de Belfort, Ian Boucard. Même indignation à gauche de l’échiquier politique français. « Voilà comment un sujet sérieux, celui de la restitution des biens issus de la colonisation, se transforme en message destiné à attiser les haines avec de jolis amalgames. Digne de l’extrême droite », a cinglé le chef du Parti Socialiste, Olivier Faure. Jadis grenier de cadres et d’hommes d’État, le parti Les Républicains est désormais réduit au rang de figurant dans la scène politique française. Sa candidate n’a récolté que 4 % des voix lors de la dernière présidentielle et sa liste aux élections européennes n’attire que 7 % des intentions de vote. Pour reconquérir une partie de son électorat, le chef de ce parti, Eric Ciotti, met le cap à droite et adopte un discours souvent raciste, emprunté à l’extrême droite.
Akli Ouali
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