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Bilan meurtrier des accidents de la route à Sétif : Les conducteurs, coupables ou victimes ?

Avec d’innombrables points noirs, le réseau routier de la wilaya de Sétif n’en finit plus avec les accidents de la circulation, lesquels se poursuivent à un rythme effréné. Malgré la multiplication des campagnes de sensibilisation et les mesures coercitives, la « route » continue d’endeuiller les familles. Ainsi, la semaine écoulée a été, le moins que l’on puisse dire, dramatique. Des usagers de la route ont trouvé la mort. Les raisons d’une hécatombe ne disant pas son nom sont multiples et diverses. Le facteur humain est le plus souvent la principale cause des accidents, provoqués par le non-respect du code de la route et de la distance de sécurité, l’excès de vitesse, la fatigue et le manque de concentration. Pour revenir à la regrettable réalité du terrain, le dernier drame de la semaine a ébranlé Ain El-Kebira, chef-lieu de daïra situé à 27 kilomètres au nord-est de Sétif. Jeudi 30 mai, aux environs de 19h40, un jeune de 18 ans perd la vie sur le champ. Le dérapage de sa moto qui avait percuté de plein fouet un poteau électrique lui a été fatal. Quelques heures auparavant, un gravissime accident s’est produit à l’entrée sud de la commune de Bir Haddada (daïra d’Ain Azel) où deux véhicules touristiques rentrent en collision. Le conducteur d’un véhicule décède sur le champ. Gravement blessé, le chauffeur de la deuxième voiture est évacué d’urgence vers l’hôpital. En début de semaine, précisément le dimanche 26 mai, aux environs de 11 heures, deux jeunes de 24 ans perdent la vie à la sortie sud de Mezloug, chef-lieu de commune situé à neuf kilomètres au sud de Sétif. Les victimes qui se trouvaient à bord d’une moto n’ont pas survécu au choc du télescopage de leur moto avec un arbre. Les deux roues sont impliquées dans deux drames sur les trois tragédies précitées. Celles-ci ont, faut-il le rappeler, fauché des vies et brisé des familles. Le bilan des services de la Protection civile de la wilaya fait froid dans le dos. Selon les statistiques des services précités, les accidents ont touché les routes de 19 communes des soixante que compte la deuxième wilaya du pays en nombre d’habitants. Pour revenir aux chiffres, les différents axes du réseau routiers des hauts plateaux sétifiens ont enregistré 52 accidents, dont 14 uniquement au chef-lieu de wilaya, entre le 21 et le 27 mai. Ces accidents ont fait deux morts et 87 blessés. Le pic de l’hécatombe a été atteint, nous dit-on, le mardi 21 mai. Ce jour-là, pas moins de 16 accidents faisant 31 blessés ont été enregistrés dans différents coins de la wilaya. D’après les services de la Protection civile, ce chiffre dépasse de loin l’ensemble des accidents de la semaine précédente (du 14 au 20 mai). L’implication de 22 motos dans les accidents montre clairement que la circulation routière est devenue dangereuse aussi bien en milieu urbain qu’en périphérie, sachant que de nombreux conducteurs des deux-roues mettent non seulement en péril leur vie mais celle des autres usagers de la route. Inconscients et irresponsables, ceux-là mêmes s’illustrent par l’excès de vitesse, le non-respect du code de la route, les slaloms entre les voitures et l’absence d’équipements de sécurité (le port de casque). Se croyant tout permis, certains motocyclistes n’éprouvent aucune peine et gêne à « violer » le sens interdit, à faire de l’itinéraire de tramway un circuit de leur rodéo.

Les citoyens exaspérés…

Le dernier arrêté du wali de Sétif pointant du doigt ces pratiques aux conséquences dramatiques n’a malheureusement pas dissuadé certains motards, ou plutôt voltigeurs. Plus qu’inquiétante, la situation exaspère les piétons et les automobilistes, appelant les pouvoirs publics à des mesures plus drastiques : « La responsabilité des parents qui achètent une moto à un gamin de 16 ans est entière. D’autant que ces mineurs conduisent des motos sans le moindre respect du code de la route et des mesures de sécurité. Le défaut de documents est récurrent. Il en est de même pour le port du casque. Prenant les allures d’un phénomène, la tendance de mineures conduisant des motos nuisibles pour l’atmosphère et les tampons des oreilles est en hausse à Sétif. Ne mesurant pas la portée de leur démarche, certaines familles oublient qu’une moto est un moyen de locomotion, un outil de travail. Elle est tout sauf une ‘’tablette’’ ou un ‘’Playstation’’. Arrogants et agressifs, plusieurs jeunes conduisant les deux roues sans assurance s’illustrent par les dépassements dangereux, le non port du casque, en dépit de son rôle indéniable dans leur protection du danger de mort ou de handicaps à vie. Pour endiguer ce phénomène, des sanctions plus sévères contre les contrevenants s’imposent. D’autant que les campagnes de sensibilisation et les innombrables contraventions établies par les services de sécurité n’ont pas atténué les ardeurs du terrorisme de la route. Il ne faudrait pas, à l’orée de la saison estivale -synonyme de déplacement de jeunes en deux roues-, baisser la garde », s’indignent nos interlocuteurs. S’appuyant sur des données fiables, lesquelles montrent que 20 % des conducteurs impliqués dans des accidents de la route ont un permis de conduire depuis moins de deux ans (probatoire), les pouvoirs publics prennent le taureau par les cornes. Devant être lancée prochainement, une stratégie nationale de formation pour revoir le système de conduite en Algérie serait un véritable antidote au terrorisme de la route.

Kamel Beniaiche

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