Englué dans une crise sociale et morale inédite, le Royaume du Maroc s’enfonce dans la bêtise. Isolé, en danger de mort permanente, il s’accroche à Israël, au moment où cette entité est en train de tuer sans ménagement les Palestiniens. Il y a deux jours, le Roi du Maroc, Mohamed VI, a présidé un Conseil des ministres spécial, destiné à entériner des décisions d’attribution de zones d’activités dédiées à l’industrie militaire au profit d’Israël. En gros, il s’agit de sites réservés à l’installation d’usines israéliennes d’armement, dans le but de développer la fabrication de matériel d’espionnage et d’écoutes. Placées pas loin de nos frontières, ces installations ont forcément comme premier objectif de porter atteinte à l’Algérie. Cela est d’autant plus clair que des sites d’écoute avaient déjà été placés à quelques centaines de kilomètres seulement de la bordure ouest du pays, qui est le deuxième pays frontalier au Royaume chérifien, en plus du Sahara occidental occupé. Au-delà de la volonté manifeste de s’en prendre à l’Algérie, le Maroc s’enfonce dans une nouvelle forme d’occupation, que paieront certainement les générations futures. L’installation d’usines d’armement est en effet le prolongement d’une offensive israélienne, visant à s’implanter durablement au Maroc. Et cela a commencé depuis bien longtemps, au moins depuis la signature en 2020 des Accords d’Abraham, qui ont permis à l’État hébreu de normaliser ses relations avec le Maroc. En plus de la reconnaissance de « la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental », Tel-Aviv a obtenu d’autres avantages, aussi précieux que pernicieux : des colons israéliens viennent récupérer des terres appartenant à des Marocains et s’installent dans des villages qui leur sont totalement réservés. Un procédé qui a déjà été testé en Palestine et qui a conduit non seulement à l’occupation du pays, mais aussi à des tragédies et crimes de guerres que nous connaissons aujourd’hui, à Ghaza notamment. S’accrocher aux pieds d’Israël, telle est la stratégie adoptée par le Maroc depuis plusieurs années déjà. Quitte à se fâcher avec ses voisins et partenaires traditionnels que sont l’Espagne et la France, en plus, bien sûr, de l’Algérie. Rabat a choisi la politique du pire en utilisant le logiciel espion Pegasus, acquis grâce à l’appui financier des Émirats. Les autorités marocaines ne s’attendaient certainement pas à ce que le scandale survienne, mais face à la gourmandise, le roi et ses sujets n’ont pas résisté. Cela a créé des crises diplomatiques sérieuses avec Madrid et Paris, avec qui les relations sont d’ailleurs toujours exécrables. Plus grave, tisser des relations avec Israël, c’est comme la mort : on n’en revient pas. Preuve en est que malgré les massacres que commet Israël à Ghaza et malgré les violations flagrantes et répétées du droit international, le Maroc n’a pas levé le petit doigt pour tenter de mettre son accord avec Israël sur la table, en vue de l’amener à plus de « sagesse » envers les Palestiniens. Mohamed VI, qui se considère comme « président du comité Al Qods », a fait exactement le contraire : il a signé de nouveaux accords, qui amèneront à de nouvelles concessions, jusqu’à ce que la souveraineté — déjà quasi inexistante — n’ait plus aucun sens au Royaume chérifien.
Akli Ouali
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