Les tempêtes de grêle qui ont affecté les communes de Tadjenanet, Télaghma et Chelghoum Laid, le vendredi 31 mai, ont causé de graves préjudices à des centaines d’agriculteurs de ces régions du sud de la wilaya : 700 fellahs affectés, selon les chiffres de la Direction des Services Agricoles (DSA) ; plus de 900, soutiennent les agriculteurs, qui estiment que certaines victimes n’ont pas été comptabilisées.
Et la contradiction ne s’arrête pas là : les fellahs remettent en cause également l’étendue des superficies agricoles déclarées comme sinistrées. L’un d’eux, Salah Mokhenache, agriculteur de la ville de Chelghoum Laid, soutient, en effet, que le nombre de céréaliers, d’arboriculteurs et de producteurs de légumes secs éprouvés par les chutes de grêle est de près de 900 individus et que les étendues agricoles sinistrées est de l’ordre de 15.000 hectares, toute spéculation confondue. Les experts du secteur (des superviseurs de la DSA, de la chambre d’agriculture et des représentants de la corporation des agriculteurs), dépêchés dans la région au lendemain de la calamité naturelle, ont établi un bilan qui faisait état de 11.000 hectares ravagés, faut-il le souligner. Notre source affirme avec regret : « Notre saison est perdue ». Et d’appeler les autorités à aider toute la population des agriculteurs sinistrés à dépasser cette épreuve. Interrogé sur le type d’aides souhaitées, notre source dira : « On souhaiterait l’ajournement des crédits bancaires obtenus par les fellahs et une aide en nature (semences et intrants agricoles) pour qu’on puisse démarrer la prochaine saison ». Notre interlocuteur rappelle que les autorités ont déjà conduit une opération similaire, l’année passée, en accordant gratuitement les semences et les engrais aux agriculteurs victimes du stress hydrique. Toutefois, les experts du secteur ont une opinion différente, qui met, du reste, une bonne partie des victimes dans l’expectative : ils affirment, en effet, dans leur rapport que 80 % des agriculteurs sinistrés ne sont pas assurés contre la grêle ; ce qui les exclura, de facto, d’éventuelles aides publiques. Dans ce sens, notre source reconnait que la majorité des agriculteurs n’est pas assurée contre la grêle et précise : « Après deux années de sécheresse, on n’a plus les moyens financiers pour assurer nos cultures. On est assuré contre les incendies, mais pas contre la grêle, faute de moyens ». Et il réitère sa demande d’une aide étatique semblable à celle de l’année passée pour pérenniser l’activité et préserver les postes d’emploi dans la région. « Sans les aides du secteur, beaucoup de fellahs n’auraient pas pu travailler leurs terres, l’année passée. Les autorités savent que nous sommes dans une situation de précarité et comprennent bien que les choses se sont compliquées davantage pour nous, après ces tempêtes de grêle », dira notre interlocuteur. Signalons que mêmes les producteurs de légumes secs, titulaires pourtant de contrats d’assurance contre la grêle en bonne et due forme, pourraient ne pas bénéficier des indemnités accordées par les caisses d’assurance. Selon des indiscrétions, « les dégâts constatés par les experts dans les champs de lentille et de pois-chiche auraient été attribués à d’autres facteurs plutôt qu’aux tempêtes de grêle ». Rappelons que la saison passée, plus de 5.000 agriculteurs affectés par le stress hydrique dans la wilaya de Mila ont reçu gratuitement des semences et des engrais et bénéficié d’un report de remboursement de leurs crédits bancaires pour une durée de trois ans.
Kamel B.
Partager :