La campagne moisson-battage 2023-2024 a été lancée avant-hier, jeudi 6 juin, à la ferme pilote Said Hamoudi de Ksar Sbahi, commune située à trente kilomètres au nord-est du chef-lieu de la wilaya d’Oum El Bouaghi. Le coup d’envoi a été donné par le chef de l’exécutif, en compagnie du vice-président de l’Assemblée Populaire de Wilaya (APW) et des autorités civiles et militaires.
A cette occasion, le Directeur des Services Agricoles (DSA) par intérim a présenté un exposé détaillé sur le secteur. Selon ses chiffres, la wilaya dispose d’une superficie agricole globale de 618.756 hectares, dont 515.482 hectares de superficie agricole utile. La superficie réellement exploitée atteint 360.885 hectares, tandis que les superficies aptes à l’irrigation ne représentent que 29.597 hectares, soit 8,20 % du total, a-t-il noté. Concernant la répartition des terres, l’objectif est fixé à 237.000 hectares pour un total emblavé de 210.511,50 hectares de céréales d’hiver, 75 hectares de tournesol, 724,30 hectares de cultures industrielles, 705 hectares de maraîchage dont 631 hectares de tabac et 74 hectares de tomates industrielles, ainsi que 3.263 hectares d’arboriculture et 7.122 hectares d’oliveraies, a souligné le même responsable. Pour mener à bien cette campagne, un important dispositif a été mobilisé, avec 683 moissonneuses-batteuses, plus de 2.800 tracteurs, 915 camions de transport de céréales, 2.808 tracteurs, 1.881 « cover crops » et 1.982 citernes. Concernant les capacités de stockage, la wilaya dispose de 19 espaces pouvant abriter 1.064.000 quintaux à la Coopérative des Céréales et des Légumes Secs (CCLS) d’Oum El Bouaghi, et 919.000 quintaux à la CCLS d’Ain M’lila, soit un total de 1.983.000 quintaux. Les prévisions de récolte pour cette campagne s’élèvent à 1.661.797 quintaux de céréales, avec un rendement moyen estimé entre huit et neuf quintaux par hectare. Un rendement qualifié de « moyen » en raison de l’insuffisance des précipitations. En effet, cette campagne agricole a débuté avec une absence totale de pluie en septembre 2023, suivie de seulement 51 millimètres en novembre. Aux mois de mars et avril, période cruciale pour les besoins en eau des plantes, les précipitations n’ont atteint que 13 et 25 millimètres respectivement. Ainsi, la pluviométrie globale n’a été que de 228 millimètres, alors que la région nécessite une moyenne annuelle d’environ 400 millimètres. Dépendante bon an mal an de la générosité du ciel, la wilaya d’Oum El Bouaghi, qui a réussi par le passé à produire quatre millions de quintaux et à se classer deuxième grenier du blé après Tiaret, accuse toujours un retard dans l’utilisation des techniques culturales modernes. L’irrigation ne concerne qu’environ 9.000 hectares, tandis que l’utilisation d’engrais reste limitée à 14.000 hectares seulement. Le développement d’autres filières telles que l’oléiculture, l’arboriculture fruitière et les cultures industrielles comme le tabac, qui permettait autrefois d’approvisionner les unités de production de Constantine, accuse également un retard. Plus de 22.000 fellahs sont adhérents à la chambre de l’agriculture, qui organise de nombreuses journées de vulgarisation tout au long de l’année agricole. Cependant, ces journées, auxquelles les médias restent généralement absents, semblent avoir peu d’impact sur la modernisation de la vocation agro-pastorale de la région, qui demeure toujours tributaire des aléas climatiques.
K. Messaad
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