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Accord d’association avec l’UE : Il est temps de rebattre les cartes

L’une des premières décisions prises par le Président Tebboune, au lendemain de son élection à la tête du pays et sans doute une des plus salutaires, était de mettre un coup de frein vigoureux à la politique du « tout import », qui a saigné à blanc le pays, livré pendant des années à un cartel de mafieux ayant fait main basse sur le du commerce extérieur. La « rationalisation » des importations et non « l’arrêt », comme ont essayé de le présenter les cercles touchés dans leurs intérêts, était une décision souveraine et surtout de bon sens, pour préserver les réserves de change du pays et privilégier la production nationale, conformément à la stratégie nationale. Les importations en provenance de l’Union Européenne (UE), principal partenaire commercial de l’Algérie, avec un volume de 50 % d’échanges, ont chuté drastiquement, passant de 22,9 milliards d’euros en 2014 à 14, 9 milliards en 2023, soit une chute de 45 %. Mais, ce qui est vu sous la lorgnette de l’UE comme une « chute » et un manque à gagner, représente à contrario pour notre pays des économies de devises, soit environ huit milliards d’euros qui sont restés au Trésor public, qui dispose ainsi d’une réserve supplémentaire pour financer les projets de développements. Que demande le peuple ? Il s’agit là d’un choix politique patriotique et vertueux, qui épouse nos intérêts économiques. Il faut s’en féliciter et œuvrer son amplification, pour sortir le pays du piège mortifère de l’importation débridée, qui a tenu lieu de paradigme économique pendant vingt ans. Il se trouve que la remise en ordre du commerce extérieur initiée par Tebboune, en introduisant notamment des paramètres de rationalité, de rigueur, de patriotisme et de vigilance dans les ports et aéroports n’est pas visiblement du goût des responsables de l’Europe, qui crie au non-respect des clauses de l’accord d’association, entré en vigueur en 2005. En effet, l’UE a annoncé, il y a six jours, avoir ouvert une procédure de règlement des différends contre l’Algérie, qu’elle accuse de restreindre les exportations et les investissements européens par une série de mesures adoptées depuis 2021. « L’objectif de l’UE est d’engager un dialogue constructif avec l’Algérie, en vue de supprimer les restrictions dans plusieurs secteurs, allant des produits agricoles aux véhicules à moteur », explique la Commission, dans un communiqué publié vendredi passé. Dans ce document, l’UE égrène ses griefs contre l’Algérie, citant, entre autres, le certificat exigé depuis 2022 pour importer en Algérie, mais qui est fréquemment refusé de manière « arbitraire et immotivée » aux entreprises européennes. « Un système de licences d’importation ayant les mêmes effets qu’une interdiction d’importation », estime la Commission. Les Européens dénoncent aussi l’interdiction, depuis cette année, de domiciliations bancaires de toute entreprise qui importe des produits en marbre et en céramique finis, qui équivaut de fait à une interdiction d’importation de ces produits. Ou encore l’obligation pour les constructeurs automobiles d’intégrer un pourcentage croissant de produits locaux, pour la fabrication de véhicules et des subventions conditionnées au respect de cette règle. Ces mesures dénoncées par l’UE existent, mais elles sont prises à juste raison, dans l’intérêt de l’économie algérienne que l’accord de libre-échange ignore totalement. Faut-il rappeler que des hommes politiques de tous bords, acteurs économiques et universitaires, n’ont eu de cesse de dénoncer cet accord et d’appeler à sa renégociation, dans la perspective d’un rééquilibrage des échanges, qui sont à plus de 98 % en faveur de l’UE. Pour le moment, les autorités algériennes n’ont pas officiellement réagi, sans doute à cause des congés liés à la célébration de la fête de l’Aïd, mais ce communiqué devrait constituer une opportunité de remettre les choses à plat et de renégocier cet accord, qui ressemble fortement à un marché de dupes, signé en 2005, dans un contexte politique particulier, où l’Algérie n’était pas en position de force. Ce n’est plus le cas aujourd’hui, il faut rebattre les cartes.

H. Khellifi

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