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Secteur économique à Oum El Bouaghi : Quand l’éthique commerciale vacille…

Alors que les services du commerce annoncent un taux de permanence de 100 % pour les deux premiers jours de l’Aïd al-Adha, avec 760 commerces réquisitionnés et 42 agents de contrôle mobilisés, la réalité sur le terrain semble tout autre. Les habitants du chef-lieu de wilaya d’Oum El Bouaghi ont fait face à plusieurs difficultés. De nombreux commerces du centre-ville sont restés fermés durant les jours de fête. L’après-midi du mardi, troisième jour de l’Aïd, les citoyens ont éprouvé les pires difficultés pour dénicher une simple baguette de pain. Cette situation s’est prolongée jusqu’au jeudi, avec des commerces toujours fermés dans le chef-lieu de wilaya. Quant à l’éthique et à la déontologie, cela est une autre histoire. L’activité commerciale est loin de répondre aux attentes d’une ville de cette importance, chef-lieu de wilaya comptant plus de 100.000 habitants. Tout d’abord, il y a cette manie qui persiste dans les boulangeries : l’insuffisance, voire l’absence totale de baguettes de pain ordinaires. Cette situation contraint les clients à acheter du pain dit « amélioré » ou de semoule, dont la qualité est discutable. Cette pratique s’apparente à une forme déguisée de vente concomitante, une pratique réprimée par la loi. D’autre part, la majorité des boulangers et de leurs employés travaillent sans la tenue réglementaire hygiénique (toque, gants, etc.), manipulant le pain à mains nues. De plus, le stockage du pain dans les étagères ne respecte pas les normes d’hygiène élémentaires. L’éthique commerciale semble, ainsi, être un vain mot au chef-lieu de wilaya. De nombreux vendeurs de fruits et légumes, par exemple, préfèrent étaler leurs marchandises à même le sol, aux bords des routes nationales et des chemins de wilaya, plutôt que d’investir dans un local commercial adéquat. Cette pratique leur permet d’éviter les charges liées à un commerce établi. Paradoxalement, malgré ces pratiques informelles, Oum El Bouaghi demeure la ville la plus chère d’Algérie, d’autant plus que la production locale est quasi inexistante. L’absence d’un marché couvert aggrave la situation, obligeant les familles à s’approvisionner au marché hebdomadaire qui se tient chaque mardi. De plus, les pseudo-commerçants n’acceptent aucune concurrence et n’hésitent pas à pourchasser tout nouveau venu qui ne s’aligne pas sur leurs prix. Malgré son statut de chef-lieu de wilaya, la ville ne dispose toujours pas d’un centre commercial digne de ce nom, pourtant courants dans d’autres grandes agglomérations du pays. Pis encore, le manque d’ambition économique se fait sentir dans le domaine de l’investissement. On assiste à une prolifération de fast-foods, de gargotes et de petits restaurants, tandis que les investissements productifs continuent de tâtonner. Malgré les avantages et encouragements offerts par les pouvoirs publics pour stimuler le secteur économique, les détenteurs de capitaux, capables pourtant de créer des unités de production et, par extension, des postes d’emploi, préfèrent souvent se tourner vers des activités informelles comme l’achat et la vente de voitures de luxe ou la spéculation sur certains produits. Cette situation pousse de nombreux investisseurs potentiels à se tourner vers des villes voisines comme Ain M’lila ou Ain Beida. Ainsi, plus de cinquante ans après sa promotion au rang de chef-lieu de wilaya, Oum El Bouaghi présente un profil économique en inadéquation avec son statut administratif.

K. Messaad

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