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Diplomatie : Le Maroc a introduit le ver dans le fruit

Le samedi 22 juin, des médias marocains et internationaux ont fait état de l’accostage, à Tanger, d’un navire de guerre israélien, pour s’approvisionner en carburant et en nourriture. Au même moment, des dizaines de Palestiniens se font tuer par l’armée israélienne dans l’impunité la plus totale. Survenus dans d’autres circonstances, ces faits n’auraient soulevé aucun commentaire particulier. Après tout, le Maroc est un État souverain, comme tout autre membre de l’Assemblée générale des Nations Unies. C’est d’ailleurs dans le but de rendre l’État hébreu « fréquentable » dans le monde arabe que les Accords d’Abraham ont été signés en 2020. À l’époque, le discours dominant était de faire croire qu’en contrepartie d’accords bilatéraux, Tel-Aviv était prêt à devenir un pays « normal », qui nouerait des relations tout aussi normales avec ses voisins et qui accepterait même la solution à deux États dans le conflit palestinien. C’est ainsi que le Bahreïn, les Émirats arabes unis et le Maroc avaient présenté la chose. Avec ce détail particulier s’agissant de notre voisin de l’Ouest : l’accord a surtout servi à « troquer » la question palestinienne contre celle des Sahraouis. Mais les récents développements, notamment les crimes de guerre et crimes contre l’Humanité que commet l’entité sioniste, chaque jour depuis le 7 octobre dernier, ont rebattu les cartes. À cause de cette situation, le pays de Netanyahou est plus isolé que jamais. Au moment où le Maroc et d’autres pays de la région veulent se rapprocher de ce criminel, des pays occidentaux et d’Amérique latine s’en éloignent. C’est le cas de l’Espagne, qui refuse carrément que des bateaux de guerre israéliens n’empruntent ses eaux territoriales ou que des navires transportant des armes destinées à tuer les Palestiniens accostent dans ses ports. Même la France, qui a pourtant une position parfois ambigüe sur le conflit, a empêché des sociétés israéliennes d’assister à un salon de Défense, organisé le mois dernier à Paris. C’est ce moment qu’a choisi le Maroc, dont le Roi est en principe président du « Comité El Qods », pour se montrer bienveillant avec un régime assassin. Les dirigeants marocains ne se limitent pas à l’ouverture des ports et aéroports de leur pays aux avions et navires israéliens, qu’ils alimentent en carburant et en nourriture, pendant que des millions de Marocains sont privés d’eau potable par exemple. Le gouvernement a ouvert ses zones industrielles à des sociétés israéliennes activant dans des domaines sensibles, comme l’intelligence artificielle, et permis aux Israéliens de s’installer sur des terres appartenant à des citoyens marocains, qui se trouvent ainsi chassés de leurs biens, dans des images rappelant les heures sombres de la colonisation. En faisant cela, les dirigeants alaouites ont introduit le ver dans le fruit. Pas seulement au Maroc, mais dans toute la région.

Akli Ouali

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