Le paysage politique national offre un aréopage de partis, dont l’action et la fonction défient toute logique. En effet, l’on assiste depuis un peu plus d’un mois à une course effrénée des responsables de cette flopée de sigles, non pas à convaincre les Algériens de leurs programmes et leurs candidats, mais plutôt de savoir qui va être le premier à appeler le Président Tebboune à briguer un deuxième mandat ! La chose aurait pu être normale, si ces appels émanaient seulement de deux ou trois partis qui sont véritablement proches du chef de l’État et l’ont soutenu dans les moments difficiles. Or, c’est loin d’être le cas, bien au contraire. Faut-il rappeler par exemple que le tandem PFLN-RND, réputé proche de tous les pouvoirs successifs, depuis des décennies, et qui a été dans l’œil du cyclone du Hirak de 2019, n’avait pas soutenu le candidat Tebboune, lui préférant le pourtant inexpérimenté Azzedine Mihoubi ? Ou encore le chef du mouvement Al Bina, Abdelkader Bengrina, qui était même le féroce concurrent du candidat Tebboune en décembre 2019 ! Comble de l’ironie, tout ce beau monde appelle aujourd’hui de ses vœux le Président en place à se porter candidat, lui déroulant le tapis rouge avant même que celui-ci n’ait annoncé ses intentions. Que le propos soit clair, il n’est pas interdit à un parti politique de soutenir le candidat de son choix, voire de parfois changer d’avis. Dans cette insipide séquence politique qui se joue devant nous, ce n’est pas le Président Tebboune qui est en cause, mais ces partis qui manquent cruellement d’ancrage populaire, qui n’ont pas de cap et qui sont surtout inconstants dans leurs stratégies. Il n’est pas exagéré de dire que ce sont ces partis qui ont désormais besoin du soutien du Président et probablement futur candidat, pas l’inverse. Pour certains, c’est même une question de survie. Quand on entend le chef de l’ex-parti unique reprocher à Bengrina d’avoir annoncé le premier le soutien de son mouvement à la candidature d’Abdelmadjid Tebboune, on comprend mieux l’insoutenable légèreté de ces ex-« associations à caractère politiques », qui fonctionnent davantage comme des comités de soutien et pas comme de vrais et sérieux partis. À l’arrivée, ces formations risquent de dévitaliser la prochaine élection présidentielle, en enracinant le sentiment que « tout est plié », auprès des électeurs potentiels. Avec le soutien du PFLN, du RND, d’El Bina, du Front Al Moustakbal, de Sawt Echaab et d’une galaxie de petits partis, aucun autre candidat ne pourra en effet faire le poids face au candidat virtuel, Abdelmadjid Tebboune.
Par Imane B.
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