La question des salaires des footballeurs a toujours fait fantasmer les foules en Algérie, depuis l’introduction du professionnalisme. Bien avant les réseaux sociaux, les sujets portant sur le contrat notarié des joueurs, les primes de signature, l’émergence du métier d’agent et les rémunérations versés cash dans la plupart des cas aux footballeurs, mais aussi aux entraineurs, occupaient une grande part des discussions entre supporteurs particulièrement. C’était surtout des spéculations à propos de dizaines ou de centaines de millions contenus dans de vulgaires sacs en plastique versés par des présidents de clubs à leurs destinataires souvent en présence d’huissiers de justice. Il y’avait de l’exagération, mais les estimations étaient loin d’être fantaisistes. Même l’utilisation de chèques n’a pas réussi à apporter la transparence tant attendue dans un milieu dominé par l’opacité et les rumeurs. Dans un article consacré à ce thème, publié sur son site Internet, El Khabar vient d’évoquer « le salaire mensuel que percevra Gaya Merbah en contrepartie de sa signature pour cinq saisons avec la Kabylie ». Le quotidien arabophone a avancé le chiffre de 650 millions, tout en concluant que le gardien de but devient ainsi « le deuxième joueur le plus cher de l’histoire du championnat algérien après Youssef Belaïli, dont le salaire avec le Mouloudia d’Algérie (selon le contrat au niveau de la Ligue) atteint 700 millions de centimes et avant le gardien de but du CR Belouizdad Rais Wahab M’bolhi qui l’a rejoint il y a un an pour un salaire mensuel d’environ 600 millions de centimes sans parler d’autres privilèges financiers ». « Tout indique que les salaires des joueurs du championnat professionnel pour la saison prochaine atteindront des records sans précédent, surtout en ce qui concerne les clubs appartenant à des entreprises publiques », estime l’auteur de l’article. Effectivement, il s’agit d’un phénomène étrange illustrant une situation paradoxale d’un milieu abandonné par toute logique commerciale ou de marketing. La responsabilité des clubs appartenant à des entreprises publiques est-elle engagée comme l’affirme El Khabar ? « En l’absence de tout mécanisme de contrôle et d’audit des dépenses de ces fonds publics », ces clubs dépensent des centaines de millions à des footballeurs, qui n’ont « même pas le statut d’international », écrit le journal soulignant « l’absence de tout ajout technique ou de la possibilité de générer des revenus de la vente de ces joueurs à l’avenir ». Alors que des clubs qui ont marqué l’histoire du football algérien à l’instar de Hamra Annaba, Mouloudia de Constantine ou l’ES Guelma végètent dans les divisions inférieures avec le risque de disparaitre d’une saison à l’autre, le MCA, le CRB et l’USMA assurent depuis cinq ans des salaires à 300 millions ou plus à leurs joueurs ! El Khabar parle d’une masse salariale dans certains clubs, qui dépasserait les 7 milliards par mois.
Mohamed Mebarki
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