Signé et paraphé à l’époque où les membres de l’Issaba régnaient en maitres absolus, l’accord d’association avec l’Union européenne avait failli ruiner l’Algérie. Les rares voix qui se sont élevées pour le dénoncer ont fini par s’éteindre dans un pays livré méthodiquement aux prédateurs. Un lourd héritage de l’ère Bouteflika dont les répercussions sur l’économie algérienne ou ce qu’il en restait se sont avérées néfastes du fait du démantèlement des barrières tarifaires et douanières dans un contexte défavorable à l’Algérie. Dans l’impossibilité de le rompre de façon unilatérale, et cela pour des raisons purement juridiques, l’Algérie insiste depuis plus de trois ans pour le rediscuter sur de nouvelles bases. Abdelmadjid Tebboune avait déjà appelé à sa révision clause par clause. Dans l’obligation de protéger son économie et sa production nationale, l’Algérie avait procédé à des mesures restrictives illustrées par la mise en œuvre de licences d’importation, de subventions liées aux intrants locaux pour les constructeurs automobiles et un plafonnement de la propriété étrangère dans les activités importatrices. Les enjeux financiers étant colossaux, l’UE a annoncé le 14 juin dernier le lancement d’une « procédure de règlement des différends contre l’Algérie, accusée de réduire le périmètre des exportations et des investissements européens à travers des verrous posés depuis 2021 ». « L’objectif de l’UE est d’engager un dialogue constructif avec l’Algérie en vue de supprimer les restrictions dans plusieurs secteurs, allant des produits agricoles aux véhicules à moteur », a indiqué la Commission européenne dans un communiqué. Les mesures protectionnistes prises par l’Algérie ont manifestement mis à mal des économies européennes, particulièrement espagnoles, en très mauvaise posture. La situation est devenue intenable aux yeux de la Commission européenne, alors que l’Algérie se trouve désormais en position de force dans un contexte marqué par l’évolution de ses échanges avec des pays comme la Turquie et la Chine. Dans tous les cas de figure, il est bien révolu le temps où Bruxelles dictait sa loi, sans le risque de s’exposer à la moindre opposition. Si pour l’UE, c’est l’Algérie, qui « n’a pas respecté ses engagements », aux yeux des autorités algériennes, il est plutôt question de corriger une situation mal négociée. Tôt ou tard, l’UE sera amenée à renégocier l’accord d’association décrié par l’Algérie. Quoi qu’il en soit, même l’éventualité de l’arrivée des extrêmes-droite au pouvoir dans certains pays ne risque pas de fermer toute issue devant une attitude pragmatique où les intérêts des deux parties seront pris en considération loin de toute tentation hégémonique.
Mohamed Mebarki
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