Les Français seront appelés demain à trancher, sur l’opportunité ou pas de donner leur confiance au Rassemblement National (RN) de la « dynastie » Le Pen. Jamais dans l’histoire de la Ve République l’extrême droite n’a été aussi près du pouvoir exécutif et législatif, même du pouvoir tout court. Dédiabolisé par Marine Le Pen, qui s’est débarrassée des casseroles bruyantes que trainait son père, fondateur de l’ex-Front National, et qui s’est offert une sympathique cure de jouvence avec le fringant Jordan Bardella, plus que jamais aux portes de l’Hôtel de Matignon. Qui aurait cru que ce parti de l’extrême droite décomplexé, qui fait de la xénophobie l’alpha et l’oméga de son programme, puisse être si proche du pouvoir au pays du Général de Gaulle ! La majorité des sondages donnent en effet le parti de Bardella vainqueur, même s’il n’aura pas la majorité. À tel point que ce dernier ne rate aucune occasion pour bomber le torse, déclinant les premières mesures qu’il compte prendre sous sa casquette de Premier ministre ! Des mesures qui font craindre le pire en France, où les émigrés et les titulaires de la double nationalité se comptent par millions. Comme, par exemple, d’interdire l’accès aux postes « stratégiques » à cette catégorie de français, ou encore de supprimer le droit du sol et la révision des Accords de 1968, relatifs au statut spécial des Algériens. C’est dire qu’au niveau du discours, Bardella et ses amis font peur, aussi bien aux Français qui craignent une « guerre civile », comme l’a dit le président Macron, qu’aux étrangers établis en France (surtout ceux issus des pays arabes et africains). Mais en attendant de voir la tendance du vote se dessiner clairement, il y a lieu tout de même de relativiser la « menace RN ». En effet, il existe un net décalage entre un discours de campagne électorale, teinté de fermeté et de menace, et la réalité de l’exercice du pouvoir. Autrement dit, le Bardella offensif et menaçant d’hier devrait progressivement s’effacer, au profit d’un Bardella Premier ministre, plus responsable et moins populiste. Il n’y a qu’à voir l’exemple de « transformation » de la Première ministre d’Italie, Giorgia Meloni, qui a donné une dimension incroyable aux relations de son pays avec l’Algérie, bien qu’elle soit issue elle aussi de l’extrême droite. Les discours, aussi enflammés soient-ils, sont souvent refroidis par la réalité du pouvoir. Alors, Bardella ou pas, la France ne risque pas trop de bouger.
Par Imane B.
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