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Pathologies chroniques intestinales : Experts et praticiens en conclave à Sétif

Les actualités des Maladies Inflammatoires Chroniques Intestinales (MICI) ont été au centre de la cinquième Journée Scientifique de Santé de Sétif (JSSS) qui s’est tenue, samedi 29 juin, à l’auditorium Mouloud Kacem Nait Belkacem. Placé sous l’égide du Laboratoire d’Investigation et de Recherches Spécialisées en Santé, Environnement et Innovations (LIRSSEI), L’événement a été organisé conjointement par l’université de Sétif et le service de chirurgie générale du Centre Hospitalier Universitaire (CHU) Saadna Mohamed Abdennour.

Il a rassemblé des praticiens de diverses spécialités : médecins internistes, gastroentérologues, radiologues, chirurgiens pédiatres et généralistes, médecins généralistes, ainsi que des étudiants en médecine et des paramédicaux. Deux pathologies ont été décortiquées par des experts éminents, dont deux référents de l’Etablissement Public Hospitalier (EPH) Djilali Belkhenchir d’Alger. Le Pr N. Sid Idriss a brillamment animé les conférences et modéré la séance, se concentrant sur les mises à jour de la prise en charge des MICI. Le Dr H. Chatter, quant à lui, a abordé le volet spécifique du rétablissement après résection iléo-colique pour la maladie de Crohn. « Le comité scientifique a concocté un programme de formation se concentrant sur deux pathologies en nette recrudescence et motif fréquent de consultations : la maladie de Crohn (MC) et la rectocolite ulcéro-hémorragique (RCH). La maladie de Crohn appartient aux colites cryptogéniques. Bien que faisant l’objet de nombreuses recherches, elle reste mystérieuse quant à son origine. Elle touche toutes les tranches d’âge, avec une prédilection pour l’adulte jeune », nous dira d’emblée la professeure Ilhem Ouahab, cheffe de file des organisateurs. En réponse à notre question sur les causes possibles, elle dira en substance : « Plusieurs hypothèses sont évoquées, notamment des facteurs liés à l’alimentation, notamment la malbouffe, mais aussi des origines infectieuses, immunologiques ou génétiques ». Et d’expliquer : « Une alimentation déséquilibrée, le tabagisme et le stress sont fortement suspectés de jouer un rôle dans le développement de cette maladie. Celle-ci est inflammatoire, segmentaire, chronique, multiforme et récidivante et son évolution est souvent déroutante. Elle peut affecter l’ensemble du tube digestif, de la bouche à l’anus, avec une prédilection pour l’iléon terminal. Les localisations iléo-coliques représentent 85 % des lésions ». Concernant les symptômes, notre interlocutrice a mentionné : « La maladie se manifeste par des diarrhées (symptôme constant), accompagnées de douleurs abdominales et d’un amaigrissement pouvant mener à une dénutrition à un stade avancé. Des manifestations anopérinéales peuvent être inaugurales ou accompagner la maladie intestinale ».

La maladie de Crohn progresse

Par ailleurs, Pr Ouahab a souligné une nette augmentation des cas de maladie de Crohn en Algérie, notamment à Sétif. Sa fréquence, estimée à 8 pour 1.000 habitants par an, est en augmentation constante dans le monde. De son côté, le Pr Nechadi du service de médecine interne du CHU de Sétif, qui a ouvert les communications orales, a noté l’absence de chiffres précis pour l’Algérie. Les intervenants ont unanimement reconnu l’absence actuelle de traitement curatif. Cependant, de nouvelles approches thérapeutiques, notamment la biothérapie, offrent des traitements symptomatiques visant à induire des rémissions aussi longues que possible. En marge de la journée, le Pr Ouahab nous a déclaré : « Dans l’état actuel des connaissances, le traitement chirurgical reste le choix privilégié pour les complications symptomatiques telles que les fistules, sténoses, perforations intestinales, abcès, colite aiguë grave, hémorragie et cancer, ou en cas d’échec du traitement médical. La récidive post-opératoire pose une véritable problématique ». Et de renchérir : « La maladie de Crohn représente un véritable problème de santé publique du fait de sa chronicité et sa sévérité potentielle. Bien que le pronostic vital soit rarement engagé, le pronostic fonctionnel et la qualité de vie des patients sont fortement altérés ». Concernant la RCH, également une maladie chronique du colon mais moins fréquente que la maladie de Crohn, elle a précisé : « La principale difficulté réside dans le choix du timing de l’intervention chirurgicale (colectomie) en cas de colite aiguë grave, afin de préserver le colon et donc la vie du patient ». A noter que cette journée, qui a été qualifiée de bénéfique et pratique par les participants, a été l’occasion de rendre un vibrant hommage au professeur Abdelaziz Behar, pionnier de la chirurgie générale à Sétif. Cette initiative a été prise en signe de reconnaissance pour sa contribution majeure à la formation de plusieurs générations de chirurgiens au sein du service qu’il a dirigé pendant plusieurs décennies.

Faouzi Senoussaoui

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