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ES Sétif : Radioscopie d’une saison « transitoire »…

Le 6 août 2023, le groupe Sonelgaz prend les commandes du club phare de la capitale des hauts plateaux. Le passage du témoin est intervenu au moment où les prétendants aux premières loges avaient bouclé leur marché estival. La « destitution » de l’ancien effectif adoubée d’un recrutement en vrac fait grincer le moteur. Annoncé quelques heures avant le coup de starter, le départ précipité d’Abdelkader Amrani surprend plus d’un. Après avoir assuré une préparation d’avant-saison ne répondant pas aux normes situées entre six et huit semaines pour un compétiteur, le désormais ex-coach du CSC est responsable du faux casting et du licenciement de dernière minute du duo Hamadi et Boulouden. A-t-on le droit de « remercier » un joueur quelques heures avant la fin de la période des délais de qualifications ? Le ou les « recruteurs » de l’ombre du club ne sont pas exempts de tout reproche. Débarqués pour une « clause » au contrat, Amrani et ses collaborateurs n’abdiquent pas. Ils portent l’affaire devant la CNRL (commission nationale de résolution des litiges) puis le TAS (Tribunal Algérien des Sports). Au bout du compte, ils obtiennent gain de cause et un dédommagement s’élevant, nous dit-on, à 21,6 millions de dinars dont 7,6 millions pour Abdelkader Amrani et 7,4 au profit d’Amrouche. Le tâtonnement du nouveau propriétaire oblige le onze sétifien à disputer le premier match de la saison (USMK-ESS) sans coach attitré. Franck Dumas prend le relais. Comme Amrani, le technicien français s’est engagé lui aussi pour un « projet sportif ». L’ex-coach du TP Mazembé rend le tablier au bout de quinze étapes. Selon des salariés du club, Dumas quitte le navire parce qu’il n’avait pas les coudées franches. Le « résultat » du mercato hivernal ponctué par un recrutement inadéquat a fait déborder le vase. Au repos depuis de longs mois à l’USMA, Bouchouareb atterrit à l’ES Sétif où il n’a joué que 255 minutes, ce qui représente 2,83 rencontres pour toute la phase retour. Le bilan d’Hittala – l’ex-buteur du Mouloudia d’El-Bayath – embauché au prix fort est squelettique. Le retour d’investissement n’a pas eu lieu pour l’élément en question, n’ayant joué que 228 minutes, l‘équivalent 2,53 matches de la deuxième phase de la saison. Les dégâts des faux castings du mercato estival et hivernal sont énormes. Embauché pour un bail, Zeghad a bouclé la saison avec 750 minutes de jeu (l’équivalent de 8,33 matches sur 30). Le Malien Diarra, avec 905 minutes dans les jambes en trente sorties, n’a pas fait mieux. Payé rubis sur l’ongle comme tous les autres « pros », Benbelaid avec 129 petites minutes pour toute la saison (soit 1,43 matche sur 30) a battu des records. La direction de l’Entente va-t-elle faire son mea-culpa ? La réponse coule de source. Intronisé en février dernier pour un contrat de deux ans et demi et un salaire net de 250 millions de centimes dont 90 % convertibles, Ammar Souyah prend le train en marche pour prendre part à un « projet sportif », obligé de composer avec un effectif limité et la « démarche » d’un nouveau numéro un, occupant les postes de directeur sportif, manager général et porte-parole du club. La vision d’Abdelkrim Bira disposant d’un droit de regard sur le volet technique, oblige le Tunisien à déposer un préavis de démission. L’instabilité de la barre technique a profondément perturbé le collectif terminant l’exercice à deux marches du podium. Le changement d’entraineurs a impacté le jeu et le rendement de la formation, payant cash les erreurs de l’intersaison. L’aigle noir qui a bouclé l’exercice avec l’une des plus imperméables défenses n’a pu former un onze de base. L’inexplicable licenciement de Asker et Yettou avant la fin de la phase aller assombrit un tableau déjà noir. Le débauchage du latéral droit Zaitri est l’autre flop d’une saison dite transitoire. Vue par de millions de téléspectateurs médusés, la chamaille Hitalla-Benchoucha lors du match CRB-ESS pour un penalty a écorné l’image de marque de l’ESS, dont la « production » des talents est en panne.

Une 5e place aux antipodes des investissements de Sonelgaz

Avant de croiser le fer avec le CSC pour le compte de l’ultime étape d’un exercice faible, le onze sétifien est accroché par le NCM à domicile. Les deux points perdus empêchent l’Aigle noir à composter un ticket pour une compétition africaine lui tournant le dos depuis 2017. Grassement payé, un salarié ne pouvant faire autrement fait de cette décevante 5e position une « performance ». Le satisfecit est une diversion. La « performance » ne reflète pas le niveau des moyens déployés par Sonelgaz. Terminant le championnat à genou, le groupe constitué à la hâte n’a manqué de rien. Comparativement à leurs homologues de deux grosses cylindrées d’Alger, les Noir et Blanc percevaient leurs salaires à temps. Contrairement aux effectifs des vaches maigres, le collectif version-Sonelgaz a été placé dans d’excellentes conditions de travail. En un mot, la 5e place ne correspond nullement aux milliards dépensés. Dire le contraire serait une forme de langue de bois et une ubuesque fuite en avant.

Quel est le bilan financier de la saison transitoire ?

Ne ratant aucune occasion pour remettre sur la table la montagne de dettes héritées, les managers de Sonelgaz qui n’a pas déboursé un kopek lors du rachat de l’Entente vont-ils rendre public le bilan financier, ou plutôt le montant des dépenses engagées durant la saison écoulée ? Notamment, en matière de prise en charge (salaires, primes, équipements, transport, restauration, hébergement des joueurs et entraineurs à Sétif et en déplacement), ainsi que les amendes infligées par la ligue professionnelle de football pour mauvais comportement des fans et contestations de joueurs. Selon certaines indiscrétions, ces amendes s’élèveraient à plus de 10 millions de dinars. Une comparative entre les dépenses de l’Entente de la période des « vaches maigres » et l’Entente version Sonelgaz serait instructive….

Les devises engrangées des transferts d’Amoura, Kendouzi et Hachoud

Les retombées financières des transferts d’Amoura, Kendouzi et Hachoud sont les autres faits saillants de la saison transitoire. Partis à l’Ahly du Caire, Ahmed Kendouzi a rapporté 1 million de dollars réparti en deux tranches de 500.000 dollars chacune. Passée par le compte de la fédération et de la ligue professionnelle, la première est arrivée du temps de Serrar. La deuxième a été encaissée par le nouveau propriétaire. Le passage à titre de prêt de Kendouzi d’Ahly vers Ceramica a rapporté à l’Entente 11.000 dollars supplémentaires. D’un montant de 3,8 millions d’euros, le transfert de Mohamed Amine Amourra de Logano (Suisse) vers la Royale Union Saint-Gilloise (Belgique) a renfloué les caisses du nouveau propriétaire de l’ESS de 247.000 euros. Versé en plusieurs tranches, le montant est la quote-part formation de l’Aigle noir. Les caisses du club ont été créditées d’un autre bonus de 29.100 euros. Ce montant représente les buts inscrits et la participation d’Amoura à la finale de la coupe de Belgique. Le départ de Brahim Hachoud vers la formation libyenne de l’Ahly à Tripoli a boosté les caisses du nouveau propriétaire de 35.000 dollars. Excusez du peu…

Kamel Beniaiche

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