L’Algérie célébre aujourd’hui le 62ème anniversaire de l’indépendance à un moment crucial dans sa marche vers le progrès, la modernité et une pleine souveraineté économique dans un monde de plus en plus menacé par les alliances du pire. Conscients que le cheminement est loin d’être un fleuve tranquille, les Algériens, toutes générations confondues, savent aujourd’hui plus que par le passé que l’édification d’un pays est toujours pavée de sacrifices. Car, ils ont appris depuis longtemps que « le jour ne doit rien, absolument rien, à la nuit », la longue nuit coloniale, dure et obscure. Et que leur émancipation ne pourrait être que le fruit d’une prise de conscience citoyenne marquant indélébilement les contours et le profil d’une nation fière de ses racines et assumant pleinement sa diversité. Au vu des difficultés rencontrées, des entraves parsemées sur le chemin d’une liberté chèrement payée et des défis majeurs imposés par une mondialisation conçue au seul profit des puissances qui l’ont engendrée, les Algériens sont plus que jamais appelés à s’armer de patriotisme tel qu’il a été vécu par les maquisards de Novembre 1954. Ils sont tenus également à se rappeler, loin de toute démagogie ou populisme, que le combat et la lutte engagés par leurs aînés face à un colonialisme annihilateur et négationniste a inspiré de nombreux peuples d’Afrique et d’Amérique du sud. Et qu’à cet égard, ils sont tenus à sauvegarder cet héritage à la dimension universelle. L’Algérie, qui a dû traverser en 62 ans d’indépendance des épreuves compliquées ayant failli hypothéquer tout ce que le peuple a consenti comme sacrifices ; de la crise de l’été 1962 à la confiscation des leviers de l’Etat par une « Issaba » qui a fini par privilégier ses propres intérêts au détriment des intérêts de tout un pays, en passant par une décennie noire sans pardon, a le devoir d’assumer son rôle de leader. Elle n’a plus désormais le droit de reconsidérer ses ambitions à la baisse, comme tentent de lui suggérer certains avis très « intéressés ». Fidèle à sa politique de non-ingérence, elle demeurera néanmoins à l’écoute des préoccupations exprimées par les peuples, qui souffrent. Cette conception des relations internationales ne date pas d’hier ou d’avant-hier, elle est plutôt profondément ancrée dans l’ADN d’une société pétrie et brassée dans la lutte contre l’hégémonie d’où qu’elle vienne. Au-delà de l’aspect protocolaire et festif accompagnant la célébration de l’indépendance, le 5 juillet 1962 est une date emblématique et un repère historique, qui ne sont pas tombés du ciel, mais le condensé de sacrifices séculaires à bien préserver dans la mémoire collective.
Mohamed Mebarki
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