La diaspora algérienne a transféré plus d’argent vers le pays l’année passée. Selon le dernier rapport de la Banque Mondiale (BM) sur les remises migratoires, les Algériens établis à l’étranger ont envoyé 1,868 milliard de dollars l’année précédente, soit une augmentation de 163 millions de dollars par rapport à 2022 (1,705 milliard de dollars). Malgré cette légère hausse, l’Algérie est toujours loin du record enregistré en 2014, avec 2,452 milliards. Toujours selon la même source, les envois effectués par les émigrés algériens ces dix dernières années stagnent à moins de 2 milliards de dollars, avec 1,792 milliard en 2021, 1.700 milliard en 2020, 1,786 milliard en 2019, 1,985 milliard en 2018, 1,792 milliard en 2017, 1,989 milliard en 2016, et 1,998 milliard en 2015. Mais les envois « pourraient être plus importants, en raison de la présence du marché parallèle de la devise », nuance la BM, où de nombreux émigrés échangent leur argent, le taux de change leur davantage favorables que ceux du circuit légal. Dans la région d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient (MENA), l’Algérie capte moins de fonds en comparaison avec le Maroc et surtout l’Égypte. Malgré une baisse des transferts durant l’année écoulée, l’Égypte reçoit près de vingt milliards de dollars. Les égyptiens, note la même source, ont envoyé vers leur pays 19,532 milliards de dollars en 2023, un chiffre important, mais en forte baisse par rapport à 2022, année durant laquelle ils ont envoyé 28,333 milliards de dollars. En 2021, les Égyptiens avaient envoyé plus de 31 milliards de dollars. Pour les Marocains, les transferts s’élèvent à 11,75 milliards de dollars en 2023, contre 11,168 milliards de dollars en 2022. Les Tunisiens ont envoyé vers leur pays 2,65 milliards de dollars l’année dernière, en baisse par rapport aux envois de 2022, estimés à 2,807 milliards de dollars. « Les transferts d’argent vers le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord ont diminué de 15 %, pour atteindre 55 milliards de dollars, en raison principalement de la baisse des flux à destination de l’Égypte », précise encore le rapport. Et de souligner une « disparité entre les taux de change officiels et parallèles », ce qui a probablement orienté les envois de fonds vers des canaux informels. On observe d’ailleurs un rebond des flux officiels vers l’Égypte après l’unification des taux de change en mars 2024. Par ailleurs, « les remises migratoires entre pays de la région ont été affectées par le ralentissement de la croissance dans les pays du CCG », note le rapport de l’instance mondiale. « Les projections indiquent que les flux vers la région devraient augmenter de 4,3 % en 2024. Enfin, le coût de l’envoi de 200 dollars dans la région s’est établi à 6,2 % en moyenne, contre 6,7 % un an plus tôt », est-il encore précisé. Pour l’Afrique subsaharienne, c’est le Nigeria qui arrive en tête. Les Nigérians ont légèrement dépassé les Égyptiens, envoyant vers leur pays 19,550 milliards de dollars en 2023, contre 20,128 milliards de dollars en 2022. Le Zimbabwe a reçu 3,082 milliards de dollars en 2023 (3,085 milliards en 2022). L’Ouganda a reçu 1,43 milliard de dollars, le Mali 1,154 milliard, le Kenya 4,167 milliards, le Ghana 4,633 milliards, et la République démocratique du Congo 1,348 milliard. Les remises migratoires à destination de l’Afrique subsaharienne ont atteint 54 milliards de dollars, soit une légère baisse de 0,3 %. « Elles ont soutenu le compte courant de plusieurs pays africains en butte à l’insécurité alimentaire, à la sécheresse, aux perturbations de la chaîne d’approvisionnement, aux inondations et aux difficultés liées au service de la dette », explique le document, avant d’indiquer que la Gambie, le Lesotho, les Comores, le Libéria et le Cap Vert sont parmi les pays les plus dépendants aux envois de fonds des migrants. Selon la même source, envoyer 200 dollars dans la région coûtait en moyenne 7,9 % de la somme en 2023, un taux pratiquement inchangé par rapport à l’année précédente. Pour 2024, les flux vers la région devraient globalement augmenter, avec une hausse de 1,5 % de prévue dans le rapport. Ce dernier relève que les remises migratoires vers les pays à revenu faible et intermédiaire ont marqué le pas en 2023. Elles se seraient élevées à 656 milliards d’euros, alors qu’elles avaient fortement progressé sur la période 2021-2022. En 2023, les envois de fonds ont excédé le montant des Investissements Étrangers Directs (IDE) et de l’aide publique au développement. La banque mondiale prévoit une progression de 2,3 % des remises migratoires en 2024. « Même si cette progression sera inégale selon les régions. Les risques de contraction des projections découleraient d’une croissance économique plus faible que prévu dans les pays à revenu élevé qui accueillent des migrants et de la volatilité des prix du pétrole et des taux de change », conclut le rapport.
Samir Rabah
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