Discrètement, les relations algéro-maliennes sont en train de se remettre sur les rails. Preuve en est la désignation de Kamel Retieb comme nouvel ambassadeur d’Algérie à Bamako, selon un communiqué rendu public avant-hier, jeudi, par le ministère des Affaires étrangères. Les autorités de transition au Mali ont donné leur accord en accréditant le remplaçant d’El Haoues Riache, qui était en poste dans ce pays du Sahel depuis 2021. Cette désignation confirme donc une reprise discrète, mais réelle, des relations entre les deux voisins, qui ont connu des tensions ces derniers mois. En décembre dernier, la junte militaire au pouvoir au Mali avait rappelé son ambassadeur et convoqué le représentant algérien, en signe de protestation contre l’ingérence supposée de notre pays dans les affaires internes de cet État, en proie à une instabilité chronique. La raison de cette levée de boucliers malienne est liée à la réception par la présidence de la République de l’opposant malien, l’Imam Mahmoud Dicko, qui vit d’ailleurs depuis plusieurs mois à Alger, où il s’est réfugié depuis qu’il a été considéré par les autorités de son pays comme un ennemi d’État. En conséquence, les autorités maliennes ont annoncé le gel des Accords de réconciliation et de paix, dits d’Alger. L’Algérie, considérée jusque-là comme chef de file de la médiation internationale, a été écartée de fait et un semblant de dialogue national, instauré par décret présidentiel signé Assimi Goïta, le chef d’État de la transition, a été amorcé dans le but de créer une solution « malienne » à la crise. Paradoxalement, cette annonce a été suivie par l’interdiction des partis politiques et des associations de la société civile. Une décision qui a suscité l’émoi et la controverse, surtout que la perspective d’un retour au processus électoral s’éloigne de plus en plus. Pendant ce temps, les attentats terroristes n’ont pas cessé dans le nord du Mali, malgré la récupération par l’armée malienne de certaines villes, tenues jusque-là soit par les rebelles touareg, soit par les différents groupes terroristes islamistes. Cette reprise en main sécuritaire s’est faite avec l’aide des milices russes Wagner et des financements émiratis. Mais cela n’a pas pour autant enrayé la violence, puisque le 1er juillet passé, par exemple, un village de la région de Bandiagara, dans le Sud, a coûté la vie à au moins 23 villageois, selon les autorités locales. Une base de l’armée a également été attaquée par des groupes islamistes à Tombouctou. Ces violences sont le lot quotidien des populations maliennes. Ce qui est certain, c’est que la désignation d’un nouvel ambassadeur d’Algérie pourrait au moins détendre l’atmosphère dans les relations entre les deux pays, en attendant un possible retour aux Accords d’Alger, seul moyen susceptible de stabiliser un peu la situation dans ce pays.
Akli Ouali
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