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Témoin d’une bataille historique à Guelma : Le retour au bercail d’un emblème national

Le musée du moudjahid de Guelma expose un ensemble de drapeaux nationaux, dont la plupart ont été brandis durant la glorieuse Révolution. Chacun de ces emblèmes frappés du croissant et de l’étoile rouges a sa propre histoire, en témoigne le drapeau porté par un combattant de lArmée de Libération Nationale (ALN), tombé au champ dhonneur lors dune bataille qui a eu pour théâtre les montagnes de Houara, à Guelma. Ce drapeau avait été pris « en souvenir » par un soldat de larmée française après lavoir trouvé dans la poche dun djoundi de lALN qui venait de tomber sous les balles françaises durant cette fameuse bataille. Le sort a voulu que cet emblème chargé d’histoire revienne au pays de nombreuses années après lIndépendance, ce qui a ouvert la voie à une quête pour retrouver lidentité du combattant qui lavait soigneusement mis dans sa poche au moment de rendre l’âme, comme pour écrire une autre histoire de fidélité au sang des chouhada. Le directeur de wilaya de Moudjahidine, Hocine Zirek, a indiqué que ce drapeau, qui mesurait un mètre sur cinquante centimètres, avait été reçu par ledit musée le 16 mai 2024, des mains du moudjahid Boujemaâ Fisli, lun des héros de la Révolution, responsable militaire dune section combattante dans les montagnes de Houara, dans la commune de Beni Mezline.

Un martyr encore méconnu

Fisli na de cesse, depuis lors, dessayer d’établir lidentité du combattant de lALN qui portait cet emblème national lors dune bataille en 1959. Selon le directeur des Moudjahidine, les informations historiques relatives à ce drapeau, sur lequel était écrit en lettres arabes « Armée de Libération nationale », indiquent quil se trouvait dans la poche dun des martyrs tombés dans une embuscade de larmée coloniale dans la région de Houara, près de Beni Mezline. Il a fait savoir, se référant à des recherches déjà effectuées, quun soldat français parmi ceux qui avaient participé à lembuscade la sorti de la poche du martyr pour le garder en souvenir jusquen 2011, date à laquelle il a décidé de le remettre à un Algérien en France. Le moudjahid Boujemaâ Fisli alias « El Megroun », aujourdhui âgé de 89 ans, a indiqué que cest dans sa maison située au village de Nador (commune de Beni Mezline) quil a effectivement reçu ce drapeau, en 2023, des mains de Salah Derradji, dit Rostom, chercheur spécialisé en histoire de la Révolution dans la wilaya dAnnaba. Derradji avait affirmé à Fisli que ce drapeau lui avait été remis par un médecin algérien résidant en France, qui le tenait lui-même dun ancien soldat de larmée française qui lui avait demandé de le remettre aux moudjahidine ayant participé à la Révolution dans la région de Beni Mezline, à Guelma. Le moudjahid a assuré quil « connaissait bien ce drapeau qui a une histoire distinctive ». Selon lui, cet emblème était passé par ses mains en 1958 » et les combattants de lALN se précipitaient pour lobtenir afin de le brandir en se battant contre larmée doccupation. Cest ainsi, a-t-il ajouté, que ce drapeau était porté à tour de rôle par les djounoud durant les affrontements avec lennemi.

« Un drapeau dans chaque maison »

Par ailleurs, la direction des Moudjahidine et Ayants-droit de la wilaya de Guelma, en coordination avec le bureau de wilaya de lorganisation nationale des enfants de moudjahidine, le commissariat des Scouts Musulmans Algériens (SMA) et lOffice Des Etablissements de Jeunesse (ODEJ) a lancé une vaste campagne de distribution demblèmes nationaux aux foyers guelmis et aux magasins. Une campagne porteuse, selon le directeur des Moudjahidine, dune « grande symbolique pour établir un trait dunion entre la génération actuelle à celle de Novembre ». Cette dernière génération, poursuit Zirek, « pullulait de djounoud qui se disputaient lhonneur de porter le drapeau national et de mourir au combat en le brandissant ». La campagne de distribution de centaines demblèmes a suscité, selon le même responsable, une énorme adhésion des citoyens et des commerçants, soucieux de montrer leur fierté, en tant quAlgériens libres et de déployer l’étendard de leur pays sur leurs balcons et sur le fronton de leurs magasins. A cette même occasion, le moudjahid Boudjemaâ Fisli a affirmé que les Algériens, quelle que soit leur condition, restent plus que jamais attachés à leur patrie et à ses symboles, dont, évidemment, le drapeau vert et blanc frappé du croissant et de l’étoile rouge. Un drapeau, ajoute-t-il encore, qui, lorsquil était porté par les combattants de la liberté, décuplait leurs forces et faisait deux des soldats invincibles quaucune armée au monde ne pouvait arrêter.

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