« Le Président de la République doit s’incliner à la volonté des Français ». Au soir du deuxième tour des élections législatives françaises, Jean-Luc Mélenchon, le leader de la France Insoumise, a montré des muscles. Démentant tous les pronostics, le bloc de Gauche, le Nouveau Front populaire (NFP) est arrivé en première position avec une fourchette allant de 175 à 205 sièges, suivi par la majorité présidentielle, crédité de 150 à 170 sièges. Très redouté, le Rassemblement national est troisième avec 130 à 150 sièges. Les chiffres devaient être affinés en soirée. « Notre peuple a clairement écarté la solution du pire pour lui. Ce soir le RN est loin d’avoir la majorité absolue », s’est félicité Jean-Luc Mélenchon, premier à prendre la parole juste après les premières estimations, affirmant qu’il s’agit là d’« un immense soulagement pour des millions de personnes qui constituent la nouvelle France ». «Une majorité a fait un autre choix pour le pays », que l’extrême droite, a ajouté M. Mélenchon, estimant que désormais « la volonté du peuple doit être confirmée ». Pour sa part, le premier secrétaire du Parti Socialiste, Olivier Faure, arrivé deuxième au sein du nouveau front populaire, juste derrière la FI, a indiqué que « c’est le rôle du Nouveau Front populaire, et en son cœur » du Parti socialiste, « de refonder un projet collectif ». « Ce soir nous disposons d’une majorité relative et donc je demande à ceux, qui ont été désavoués à trois reprises, d’annoncer clairement qu’ils reconnaissent leur défaite », et « qu’ils disent clairement que dans l’année à venir, ils ne mêleront jamais leur voix pour s’allier à l’extrême droite pour empêcher le Nouveau Front populaire », a-t-il également déclaré à l’adresse du camp présidentiel. Du côté des perdants, à savoir l’Extrême droite, le vice-président du Rassemblement national, Sébastien Chenu a indiqué que Emmanuel Macron a plongé la France « dans un bourbier » et des « alliances tout à fait contre nature ». «Malheureusement, l’alliance du déshonneur et les arrangements électoraux passés par Emmanuel Macron et Gabriel Attal avec l’extrême gauche privent », les électeurs d’un gouvernement RN, a déclaré Jordan Bardella, qui ne sera pas ainsi Premier ministre comme il le souhaitait. En début de soirée, ni le président Emmanuel Macron, ni le premier ministre sortant, Gabriel Attal, ne s’étaient exprimés. Mais d’ores et déjà, le chef de l’Etat peut se réjouir d’avoir sauvé son camp de la déroute et surtout d’avoir écarté le danger de l’Extrême droite. Il reste maintenant à définir les contours du prochain gouvernement français. Les leaders de la gauche, arrivés en premier mais avec une majorité très relative, réclament d’ores et déjà la tête du gouvernement. Mais ils savent que pour paralyser le Rassemblement national, il faudra composer avec l’équipe sortante. Mais pas à n’importe quel prix. « Je le dis ce soir, nous ne nous prêterons à aucune coalition des contraires », a averti Olivier Faure. « Nous sommes en tête, mais on est dans une assemblée divisée (…) et donc il va falloir se comporter en adulte », a déclaré Raphaël Glucksmann, un des leaders de la gauche qui estime qu’« Il va falloir parler, il va falloir discuter, il va falloir dialoguer ». Pour célébrer ce retournement de situation, des dizaines de milliers de français s’étaient rassemblés, en début de soirée, dans plusieurs villes pour faire la fête, eux qui prévoyaient de protester dans le cas contraire.
Akli Ouali
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