« Si la guerre devait s’arrêter maintenant, le bilan total des morts à Ghaza pourrait dépasser les 186.000 ». Cette prévision a été publiée début juillet par The Lancet, une revue médicale britannique, dont la réputation et la crédibilité sont reconnues au niveau mondial. Cette estimation est basée sur le bilan officiel publié quotidiennement par le ministère de la Santé à Ghaza, et indique que, « même si le conflit s’achève, de nombreux habitants de l’enclave palestinienne continueront de mourir en raison de causes indirectes liées à la guerre ». « Les conflits armés ont des implications sanitaires indirectes, souligne la publication. L’auteur de l’article insiste sur le fait que « même si le conflit se termine immédiatement, il continuera d’y avoir de nombreuses morts indirectes dans les mois et années à venir, en raison de maladies reproductives, transmissibles ou non ». « Ce bilan indirect », écrit-il, « risque d’être élevé en raison de l’intensité du conflit, qui a détruit les infrastructures médicales, des pénuries sévères de nourriture, d’eau et du manque d’abris, de l’incapacité de la population à fuir vers des endroits sûrs et de la suspension du financement de l’Unrwa, une des seules organisations humanitaires encore présentes à Ghaza ». La revue estime « qu’en appliquant une estimation conservative de quatre morts indirectes par décès direct, et se basant sur le chiffre de 37.396 morts rapporté le 19 juin pour son calcul, il n’est pas invraisemblable d’estimer à 186.000, voire plus, le nombre de morts imputable au conflit actuel ». Le bilan publié hier par le ministère de la Santé à Ghaza, fait état de 38.243 morts et 88.033 blessés. Pour la revue britannique, les bilans quotidiens du ministère de la Santé à Ghaza restent crédibles, et sont même « sous-estimés par rapport à la réalité des faits », en tenant compte du nombre de corps encore sous les décombres est qui est « probablement considérable », avec des « estimations dépassant les 10.000 disparus ». Tout en appelant à un « cessez-le-feu immédiat et urgent, accompagné d’une distribution de vivres et d’autres ressources fondamentales », la revue souligne que « les données du ministère de la Santé à Ghaza, seule autorité à faire le décompte des victimes de l’offensive israélienne, seront cruciales pour l’après-guerre, notamment en ce qui concerne la restauration des infrastructures et la planification de l’aide humanitaire ». Mais qui va entendre cet appel alors que les puissances occidentales et de nombreux pays arabes font montre d’une passivité complice ? Où est passée cette soi-disant solidarité arabe démentie par la réalité ? Aujourd’hui, les Palestiniens sont de plus en plus conscients du poids que représentent des millions d’indignés à travers le monde, traumatisés par les effets dévastateurs d’une imposture capitaliste arrivée à son stade suprême. Leur cause, n’est plus exclusivement leur cause ! L’idéal humaniste qu’elle véhicule fait désormais de la Palestine, la cause des femmes et des hommes libres, de la Havane à Ispahan en passant par Tunis et Soweto, et de Santiago jusqu’à Haïfa la martyre, Haïfa la spoliée qui se souvient encore de ce mercredi 21 avril 1948 lorsque sa population fut forcée militairement par les groupuscules sionistes soutenus par les Britanniques, de s’exiler loin de la Palestine. Le texte écrit par Ghassane Kanafani, adapté au théâtre puis au cinéma, relate la tragédie vécue par Saïd et Safia, un couple palestinien poussé par un terrible concours de circonstances à résister sans leur enfant pris en « otage » par une famille d’immigrés polonais d’origine juive. L’histoire de Saïd et Safia symbolise dramatiquement le sort réservé à un peuple palestinien « marchandé » par les tenants du grand capital qui avait réussi à manipuler une planète soumise au diktat du complexe militaro-industriel, en lui faisant croire que le fascisme était une création extra-muros et que la victoire des alliés contre cette bête immonde était le résultat de l’engagement d’un capitalisme à plusieurs visages. La trame de cette œuvre constitue aujourd’hui le fond d’un conflit alimenté par plusieurs sources qui se trouvent en Europe, en Amérique et même dans certains pays arabes.
Mohamed M/Ag
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