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Sécheresse et irrigation illégale à Oum El Bouaghi : Une double peine pour les oiseaux migrateurs

La vague de chaleur qui sévit actuellement dans la wilaya d’Oum El Bouaghi, comme dans le reste du pays, a des conséquences importantes sur la vie quotidienne et l’environnement. Dès 10 heures du matin, les centres urbains se vident, les habitants préférant rester chez eux pour éviter les risques d’insolation et autres dangers liés aux fortes températures.

A ce propos, l’on constate un assèchement des étendues d’eau, menaçant la vie de nombreuses espèces animales. Les zones humides, habituellement prisées par des milliers d’oiseaux migrateurs saison hivernale, ne sont pas épargnées par ce phénomène. Celui-ci, faut-il le souligner, n’est pas uniquement dû aux fortes chaleurs, mais également à l’irrigation illicite des terres environnantes, qui aggrave la situation. La situation est particulièrement critique dans la zone humide de Tinsilt, classée site Ramsar depuis 1971. Située à 90 kilomètres au nord-ouest de la wilaya, entre les communes d’Ouled Zouai et Souk Naamane, cette étendue d’eau abrite actuellement près de 300 oiseaux migrateurs, principalement des flamants roses. Ces animaux sont menacés de mort en raison de l’assèchement de leur habitat. Cette année, la zone humide de Tinsilt a connu une reproduction remarquable d’oiseaux migrateurs. Face à cette situation critique, un appel pressant est lancé aux écologistes et aux associations environnementales pour alerter sur la nécessité de protéger ces espèces. Ces espaces naturels, malheureusement non-exploités pour le tourisme et la recherche scientifique, sont actuellement menacés. Ils font l’objet d’une exploitation intensive et illégale par des riverains pour l’irrigation de leurs terres. Sans une prise en charge réelle, incluant un suivi et une surveillance accrus, ces zones risquent de disparaître. La wilaya d’Oum El Bouaghi abrite un patrimoine naturel exceptionnel. Elle compte pas moins de huit zones humides classées dans la convention internationale Ramsar, s’étendant sur une superficie globale de 160.000 hectares. Ces zones sont réparties sur quatre communes au sud de la wilaya : Ain Zitoun, Boughrara Saoudi, Ouled Zouai et Harmlia. Parmi elles, on trouve Gareet Tarf, Garret Guélif, Ank Djemel, Garret Meghesel et Chott Timerganine. Cette richesse naturelle positionne la wilaya d’Oum El Bouaghi au premier rang national en termes de superficie de zones humides classées “Ramsar”, et au second rang pour le nombre de zones classées. Les services des forêts ont récemment recensé plus de 25.000 oiseaux migrateurs dans ces zones humides, dont 7.500 flamants roses. Selon des sources concordantes, lorsque les conditions pluviométriques sont favorables, ces lieux accueillent jusqu’à 10 % de la population mondiale de flamants roses. Cependant, ces populations d’oiseaux migrateurs font face à deux menaces principales : un facteur naturel lié au climat, la sécheresse qui assèche les zones humides, et un facteur humain, l’exploitation et l’irrigation illégale des terres environnantes.

K. Messaad

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