Les vagues de chaleur intense qui sévissent dans plusieurs régions de l’Algérie, suivies avec une attention particulière par la communauté scientifique, ont fait réagir le professeur en infectiologie, Lyès Akhamokh. Celui-ci est intervenu hier sur les ondes de la chaîne III de la radio nationale pour appeler à l’établissement d’un plan canicule. « Parmi dix villes les plus chaudes au monde, neuf sont algériennes », a-t-il rappelé lors de son passage à l’émission « L’invité de la rédaction ». Ces vagues de chaleur et ces périodes caniculaires, qui ont tendance à s’installer durablement dans le temps sont générées, selon lui, par ce qu’il a identifié comme un « bouleversement climatique ». Elles ont de graves répercussions sur le volet sanitaire, a-t-il tenu à souligner, en mentionnant particulièrement les catégories les plus vulnérables, les personnes âgées, les enfants et les malades chroniques. « On ne parle plus de changement climatique mais de bouleversement climatique », a-t-il indiqué, faisant savoir que l’élévation des températures font craindre le pire. Parmi les conséquences de ce bouleversement, il a cité « le changement de comportement du cycle vital des espèces végétales et animales avec augmentation du nombre d’émergence d’organismes nuisant qui sont des vecteurs de maladies transmissibles, comme le moustique tigre, originaire des forêts tropicales d’Asie du sud-est, qui s’est bien installé sur le pourtour méditerranéen dont les côtes algériennes et s’y est graduellement adapté ». « Le moustique tigre est actuellement présent dans 100 pays sur les cinq continents », a-t-il noté, avant d’alerter qu’il s’agit d’un insecte nocif vecteur des maladies mortelles telles que la Dengue, Zika et la fièvre jaune ; et que son variant, le Culex, s’est même adapté dans des pays froids comme le Lichtenstein et l’Islande où 31 cas ont été détectés chez des autochtones en 2023 ». « Nous avons enregistré des cas en Algérie au même titre que l’anophèle qui est le vecteur du paludisme qui menace aussi des pays comme la Turquie, le Tadjikistan, l’Ouzbékistan et même le Kenya qui est un pays à 2000 mètres d’altitude », a-t-il poursuivi. Que faudrait-il faire ? Le professeur Akhamokh a préconisé la prévention. « Les bulletins météo spéciaux sont à suivre impérativement avec plus d’attention afin d’établir des plans canicule en Algérie », a-t-il conseillé, indiquant qu’ « au-delà de la migration due à des phénomènes politique et sécuritaire, il y a la migration climatique due à la sécheresse, la raréfaction de l’eau potable, la sécurité alimentaire. Des phénomènes naturels étroitement liés au climat ». « L’OMS, a-t-il noté, compte plus de 500 millions réfugiés climatiques à travers le monde. Et l’Algérie qui est un pays d’accueil subit ce phénomène avec ses graves répercussions comme la réémergence du paludisme, éradiqué en Algérie, qui revient au galop, avec ces flux migratoires », a-t-il déploré, suggérant « la nécessité de multiplier les compagnes de vaccination ». « Il y a un réel risque sur l’Algérie », a-t-il averti appelant à installer une observation continue et actionner un strict suivi entomologique pour receler l’émergence des maladies qui s’installent suite à la migration des insectes vecteurs ». « Il faut multiplier les cellules de crise et travailler en continu au niveau des wilayas », a-t-il préconisé.
Mohamed Mebarki
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