Et voilà ! La France, qui aura longtemps joué au bonneteau, a préféré se jeter dans les bras du roi Mohamed VI, en actant allégeance à son sulfureux « plan d’autonomie », au mépris de la légalité, s’agissant du règlement du conflit du Sahara occidental. Une dépêche de l’APS de jeudi nous apprend le « grand regret et une profonde désapprobation de la décision inattendue, inopportune et contre-productive du gouvernement français ». Les mots sont forts pour les autorités algériennes, qui n’ont visiblement pas vu venir ce coup de Jarnac asséné par Paris, alors même que les relations semblaient plutôt aller dans le bon sens entre les deux pays. Le ministère des Affaires étrangères ne s’est pas encombré cette fois de formules pour décrypter froidement la position française. Alger souligne en effet que la France de Macron apporte « un soutien sans équivoque et sans nuance au plan d’autonomie sur le Sahara Occidental dans le cadre de la souveraineté marocaine ». Voilà qui a le mérite d’être clair. Paris, qui jouait l’équilibriste depuis des décennies, entre un soutien assumé de ce fameux « plan d’autonomie » comme « une des solutions » au dossier Sahraoui et la nécessité de respecter la mission de l’Envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU, a cette fois mis les pieds dans le plat. Signe de cette gêne française face à son revirement spectaculaire, le quai d’Orsay a préféré communiquer sa décision par la voie officielle aux autorités algériennes. Par la voie des Affaires étrangères, l’Algérie a signifié, à juste titre, que la décision française « relève manifestement d’un calcul politique douteux, d’un a priori moralement contestable et de lectures juridiques que rien ne conforte et rien ne justifie ». C’est un truisme de dire qu’Alger est déçue par cette position française, qualifiée de « malvenue », à fortiori qu’elle émane d’un membre permanent du Conseil de sécurité. Est-ce désormais la crise entre Alger et Paris ? Connaissant l’attachement stratégique de notre pays à la question sahraouie, qui relève de la décolonisation, il est fort à parier que cet alignement de l’Hexagone à la thèse marocaine va impacter négativement les relations bilatérales. Le communiqué du ministère n’a d’ailleurs pas manqué de souligner que le gouvernement « tirera les conséquences qui découlent de cette décision française et dont le gouvernement français assume seul la pleine et entière responsabilité ». Sans doute qu’un nouveau feuilleton de la brouille entre Alger et Paris est en gestation.
Par Imane B.
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