Des centaines de personnes ont afflué avant-hier, jeudi 25 juillet, vers le cimetière Chorfa de la ville de Sidi Okba, pour assister aux obsèques de cheikh Touati Benmebarek, décédé la veille à son domicile familial à Biskra. Parmi ceux qui ont tenu à accompagner ce vénérable nonagénaire vers sa dernière demeure, il y avait des membres de sa famille, dont ses enfants fortement peinés par cette perte, des cadres des direction des Affaires religieuses et des Moudjahidine, d’anciens élèves et des compagnons et frères d’armes l’ayant côtoyé de prés, a-t-on constaté. Connu dans la région pour sa sagesse, ses enseignements religieux promouvant un islam de la tolérance, de la mansuétude et de la pondération et son travail de maître de langue arabe avec des générations d’enfants ainsi que pour sa participation active à la lutte pour l’Indépendance du pays, cheikh Touati Benmebarek est née le 25 juillet 1931 à Sidi Okba. Il a été un fervent élève du savant en théologie musulmane Belgacem Habba. De 1950 à 1963, il a été l’imam principal et le protecteur de la mosquée et du mausolée de Okba Ibn Nafî. Il a écrit des livres et des opuscules sur les familles de la région et sur des interprétations des sourates du Coran et des textes philologiques. Pendant la guerre de libération nationale, il a été membre de l’organisation civile du Front de Libération Nationale (FLN), collecteur de fonds pour la cause nationale et diffuseur de tracts, de journaux et de publications appelant la population à se défaire du joug colonial. Ses activités « subversives » lui ont valu des séjours en prison où il subira des séances de torture pratiquées systématiquement par ses tortionnaires. Après le recouvrement de l’Indépendance nationale, il est allé s’établir à Biskra où il a fondé une famille et exercé durant de longues années le métier d’instituteur de langue arabe, inspecteur et directeur d’une école primaire. Il laisse une bibliothèque constituée de milliers d’ouvrages qu’il a créés ou glanés au cours de sa vie, a-t-on appris. « Cet homme a consacré sa vie à la formation des générations montantes. Humble et discret, il n’a jamais voulu s’épancher sur les horribles sévices subis en prison pendant la Guerre de libération nationale. Il a été un nationaliste, un enseignant et un penseur et essayiste ayant laissé des traces indélébiles dans l’esprit de ses proches, ses amis et ses élèves. Il nous lègue un savoir, des attitudes et une bibliothèque riche de plusieurs ouvrages qu’il serait dommage de laisser se disperser », a souligné lors de l’oraison funèbre, Fouzi Masmoudi, directeur des Moudjahidine de la wilaya d’El Oued. Unissant sa voix à celles de nombreux autres, il suggère que le patrimoine livresque du défunt soit remis à la maison de la culture Ahmed Ridha Houhou de Biskra, laquelle pourrait y créer une aile dédiée pour permettre aux chercheurs et aux étudiants de consulter ces ouvrages et d’appréhender la véritable dimension et l’ampleur des apports culturels et sociaux de cheikh Touati Benmebarek, a-t-on relevé.
Hafedh Moussaoui
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