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La France soutient le plan d’autonomie marocain  : Grain de sable dans la relation entre Alger et Paris

« Les relations entre l’Algérie et la France ne sont ni bonnes, ni mauvaises. Mais elles ne sont jamais normales ». Jamais cette déclaration du défunt président, Houari Boumediène, ne trouve sens que dans le temps présent.  Après des mois de normalité, les relations algéro-françaises replongent à nouveau dans l’incertitude. Un communiqué du ministère algérien des Affaires Étrangères, rendu public jeudi soir, remet en effet les liens entre les deux pays à leur situation d’avant 2022. L’Algérie reproche, en effet, à la France de soutenir les options du Maroc sur le conflit au Sahara Occidental. Étrangement, le document évoque une position que la France défend déjà depuis longtemps. Lors de sa visite à Rabat au printemps dernier, le chef de la diplomatie française, Stéphane Séjourné, a évoqué la question en précisant que la proposition marocaine était « crédible ». Mais comme à chaque fois, l’affirmation française est accompagnée d’une nuance : la question doit être traitée par l’Organisation des Nations-Unies (ONU). Telle a toujours été la position classique de la France qui se base sur le soutien au Maroc d’un côté et le souci de ne pas heurter l’Algérie de l’autre. Mais qu’est-ce qui a bien changé alors dans la position de Paris pour qu’Alger réagisse fermement ? Selon des sources concordantes, la France serait allée plus loin que louanger le plan d’autonomie marocain. Cela fait plusieurs mois en effet que les Marocains font pression pour que la France aille loin dans son appui au Maroc, c’est-à-dire soutenir une pseudo souveraineté du Royaume chérifien sur le Sahara Occidental en violation du Droit international, en contrepartie de la normalisation des relations entre Rabat et Paris. Un chantage que les Marocains ont utilisé depuis que les relations avec leur ancien colonisateur se sont dégradées. Paris, qui a tout mis en œuvre pour se rapprocher davantage de sa chasse gardée. En vain.   La nouvelle position de la France n’a pas encore été annoncée publiquement. Mais si elle devait intervenir, elle ne le serait que par le billet du président Emmanuel Macron lui-même. Et c’est là que l’Algérie, qui s’efforce depuis plusieurs mois de rétablir des relations « excellentes » avec Paris, ne va pas apprécier. Le langage utilisé par le communiqué du ministère des Affaires Etrangères est d’ailleurs évocateur : en indiquant qu’elle tirera les conséquences de cette attitude de la France, l’Algérie insinue que des décisions de rétorsion seront prises contre la France à l’image de ce qu’avait été fait contre l’Espagne.  Nous n’en sommes pas encore là. Jusqu’à hier du moins, il n’y avait aucune suite à ce communiqué. Mais cela prouve une fois de plus que les relations algéro-françaises sont très fragiles, voire sensibles. Personne ne parle pour l’instant du sort de la visite prévue du président algérien en France, mais elle est clairement dans la balance. Le travail extraordinaire qui a été fait jusque-là pour la « réconciliation des mémoires » risque d’être compromis. A moins qu’une explication entre les deux présidents ne fasse descendre la température. 

Akli Ouali

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