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Commerce juteux et bling-bling hors contrôle : Les salles des fêtes, véritables machines à cash à Sétif

Autres temps, autres mœurs. Les mariages d’aujourd’hui n’ont rien des fêtes d’antan. La célébration des noces, fiançailles, circoncisions ou encore des succès aux examens de fin d’études est désormais une affaire de gros sous. Le commerce du mariage bouscule les valeurs traditionnelles, conférant désormais au cérémonial des attributs d’une véritable industrie dont l’objectif est le gain sans la moindre charge (taxes et impôts sur revenus s’entend). Ainsi, la réalisation de salles de fêtes est devenue à Sétif un investissement gagnant. Flairant le bon coup, plusieurs veinards s’adonnent à une concurrence féroce pour construire la plus grande salle. Le rapport qualité/prix n’est pas le souci majeur des propriétaires, pour lesquels un tel investissement est une machine de « liasses ». Le phénomène n’épargne aucune commune de la wilaya où des milliards sont injectés dans un créneau des plus rentables. L’amortissement rapide sur investissement est la cause du foisonnement des salles « greffant » différentes zones d’habitation. Paradoxalement, la croissance exponentielle n’a pas impacté les prix. Au final, la facture est toujours salée. La location des « murs » est accompagnée d’une montagne de charges relatives aux orchestres, disc-jockey, cuisiniers, serveurs, décorateurs, coiffeurs, photographes, pâtissiers, couturiers et divers fournisseurs. Derrière ce « bling-bling », les portefeuilles des mariés et de leurs parents sont mis à rude épreuve. D’autant que les « investisseurs » et les marchandeurs travaillent au « noir » et n’acceptent que l’espèce. Ils ne reconnaissent pas la « traçabilité », puisqu’ils ne délivrent jamais de facture. Cette manière de faire de ces prestataires de services d’un autre genre porte préjudice à la trésorerie de la collectivité, subissant un énorme manque à gagner. Pour financer la réception des convives, les familles de fonctionnaires ne disposant pas d’un chèque à blanc sont contraintes d’injecter le plus souvent les économies d’une vie. Le mariage d’une fille en rajoute une couche. Un tel événement est synonyme d’une saignée incommensurable. Ce sujet est une autre paire de manche, diriez-vous. Très recherchées pour leur superficie et commodités, les salles de fêtes de la ville de Sétif n’offrant aucune prestation gratuite font, le moins que l’on puisse dire, grincer les dents de leur clientèle outrée par les « dépenses » supplémentaires, lesquelles ne figurent pas dans le contrat verbal. Comme le business du mariage est un filon d’or inépuisable pour les uns, il donne le tournis aux familles. Ces dernières sont submergées par un chapelet de dépenses sans la moindre ristourne. Pour preuve : dans certaines salles des fêtes « vierges », les clients laissent des ardoises salées oscillant entre 300.000 et 400.000 dinars (uniquement pour la location des murs). Avec en sus 50.000 dinars comme caution et, tenez-vous bien, une note de 3.000 dinars pour les détritus. Les familles sont priées de payer rubis sur l’ongle, avant de prendre possession des lieux pour une durée de douze heures. D’autres frais viennent s’ajouter à une liste déjà longue et salée. La décoration de la salle est hors de prix. Dans certains cas, elle dépasserait les 500.000 dinars. Les honoraires du disc-jockey oscillent entre 150.000 et 200.000 dinars. La prestation d’un photographe sollicité depuis des mois ne déroge pas à la règle. Le tarif minimum tourne autour de 150.000 dinars. Tout cet argent va dans les poches de commerçants, dont l’activité va au-delà de la saison estivale puisque les fêtes de mariages, les fiançailles et divers autres événements sont organisés pendant toute l’année.

Dindons de la farce ?

« Célébrer une fête de mariage ou de circoncision dans une salle des fêtes n’est pas une mince affaire pour tout le monde car les prix appliqués sont exorbitants. Ça dépasse tout entendement. En dépit des tarifs affichés, les salles affichent complet en juillet/août. Pour éviter toute mauvaise surprise, les familles font des réservations en début d’année », affirme Omar, un père d’une future mariée. Samir, préparant le mariage de son fils, abonde dans le même sens. « De nos jours, le mariage est devenu un projet coûteux. Un jeune est dans l’incapacité de faire face seul aux dépenses. Sans l’aide et le soutien de la famille, des proches et des amis, il ne pourrait supporter tous les frais. Et les frais, il y en a beaucoup. A commencer par la dot. Et si certaines familles continuent de célébrer les mariages chez elles, c’est en grande partie à cause des prix affichés par les salles des fêtes où le client est considéré comme une simple vache à traire. Tout est à la charge du client, obligé de ramener les détergents ainsi que les sacs poubelles, pour vous donner un petit aperçu sur la manière de faire de ces commerçants profitant bien de la situation et du silence des responsables concernés. Trouvez-vous normal que les millions encaissés ne font pas l’objet d’une facture ou d’un bon d’encaissement ? », dira-t-il. Pour savoir davantage sur les dessous de ce phénomène, nous avons essayé de connaître les avis des propriétaires. Nos multiples tentatives n’ont pas obtenu les résultats escomptés. Parlant sous couvert de l’anonymat, des gérants et salariés estiment que les tarifs proposés sont exagérés : « Après plus de six ou sept ans d’exploitation, l’investissement est amorti. L’opérateur économique rentre dans ses frais. Au lieu de revoir à la baisse les tarifs, les propriétaires -très intéressés par des recettes- de plus en plus importantes, n’innovent pas, n’offrent aucune promotion. Le client n’est pas une machine à sous. Pour le peu de prestation proposé, louer une salle vierge à 200.000 ou 250.000 dinars est une folie. Le client est l’éternel dindon de la farce car il est obligé d’affronter seul l’inflation, n’épargnant aucun produit ou domaine. Hormis les volets énergie et eau, une salle des fêtes n’est pas un budgétivore, sachant que les charges salariales sont insignifiantes. Dépassant dans certains cas des recettes annuelles de plus de dix milliards de centimes, les salles de fêtes -des commerces comme tous les autres- échappent à tout contrôle car les transactions se font en espèces ».

Kamel Beniaiche

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