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Goïta et « son » Wagner 

Le chef de la junte militaire au pouvoir au Mali, Assimi Goïta, a dû prendre la mesure de la grave erreur qu’il a commise en se mettant à dos l’Algérie et en déclarant nuls et non avenus les Accords d’Alger sur la paix, signé en 2015. Le terrible bilan (on parle de plus de cent morts) de l’accrochage entre les Forces armées maliennes (Fama) et les mercenaires russes de l’ancien groupe Wagner (aujourd’hui rebaptisé « Corps Afrique ») d’un côté, et la coalition des séparatistes touareg réunis au sein du Cadre stratégique pour la défense du peuple de l’Azawad (CSP-Dpa), constitue un violent boomerang qui lui a explosé à la figure. Ce bain de sang a eu lieu à une portée de fusil des frontières avec notre pays. L’aventurier Assimi Goïta, qui pensait pouvoir exterminer les Touareg du mouvement Azawad, signataires des accords d’Alger, faut-il le rappeler, en s’appuyant sur les mercenaires russes armés et financés par les Émirats, se rend compte qu’il s’est lourdement trompé en ouvrant un front contre l’Algérie. Notre pays, qui a à maintes reprises fait savoir qu’il n’avait aucune prétention territoriale dans la région et qu’il se souciait uniquement de la réconciliation intermalienne, est donc conforté dans sa stratégie de médiation pacifique. La junte militaire, ouvertement pro-russe, arrivée au pouvoir à Bamako après un coup d’État qui a renversé en août 2020 le président démocratiquement élu, Ibrahim Boubacar Keita, essuie son premier grand revers militaire et diplomatique. Plutôt que d’enclencher un processus de paix avec les rebelles touaregs, Goïta, qui se croyait super puissant, a lancé plusieurs offensives meurtrières contre les bases de l’armée de l’Azawad, en violant de fait le cessez-le-feu. L’escalade a culminé en septembre 2023, quand les Touareg avaient accusé la junte militaire de « violations répétées du cessez-le-feu » et ont donc annoncé leur intention d’adopter toutes les « mesures d’autodéfense » nécessaires pour l’ensemble du territoire de l’Azawad. Le massacre de ces derniers jours de soldats de l’armée malienne et ceux des mercenaires de Wagner confirme la détermination de la coordination armée du mouvement à ne pas s’avouer vaincu face à la volonté de la junte militaire de la soumettre par la force. Il est à espérer que ce bilan de guerre puisse donner à réfléchir à Goïta. La voie des armes ne règlera jamais les problèmes du Mali et l’Algérie demeure un partenaire stratégique pour la recherche de solutions pacifiques.

Par Imane B.

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